Fils d’artiste, et frère de la nouvelle égérie de la francophonie (Angèle), Romeo Elvis était très attendu. Avec “Chocolat”, il signe un opus subversif et engagé sans jamais entrer dans le story telling moralisateur. Le rappeur belge fait preuve d’une bonne dose de créativité, le public apparemment lui rend bien.
Tiens un “blanc” qui ne fait pas de Troll Rap !! Première impression, l’interprète de “Chocolat” a complètement dérogé à cette règle d’or qui veut qu’un rappeur “blanc” fasse du Troll Rap. Depuis les ancêtres du Klub des Loosers, en passant par Vald et Lorenzo, et quelque part Colombine et Orelsan à leur façon, tous ces rappeurs ont tous versés dans le second degré.
Les apparences sont trompeuses. Romeo Elvis connaît son sujet. Le rappeur rencontre le beatmaker Vladimir Cauchemar lorsque “Chocolat” est en cours de production. Finalement le courant passe tout de suite entre les deux hommes. Le beatmaker fan d’instruments moyenâgeux (qui a réalisé un petit featuring avec 6ix9ine sur “Aulos“) est omniprésent dans l’album. Il signe les plus gros hit avec quelques apparitions remarquées de Junior Alaprod notamment et Seezy.
Après une introduction en guise de présentation, la représentation débute sur un titre coup de poing “Le Coeur des Hommes” complètement antiraciste. Un sample de violon, un beat classique, avec Vladimir Cauchemar à la prod pour un pamphlet contre l’intolérance des réseaux sociaux.
Junior Alaprod et Vlad forment le binôme qui a produit “Soleil”, la déclaration d’amour aux sonorités latinos du rappeur qui sera sans doute un énorme tube d’ici quelques semaines. Puis le belge repart sur un pamphlet contre la drogue cette fois ci, et ses ravages sur la jeunesse urbaine… Avec “194”, Roméo Elvis revient sur sa jeunesse de fonsde lorsqu’il était perdu dans l’obscurité.
Quelques égotrip ici et là sur une base complètement Trap comme sur “Bobo” ou “Normal” , quelques titres plus mélancoliques, plus harmonieux comme ce “Belgique Afrique” qui revient sur le passé colonial de son pays d’origine.
Loin de tenir un discours moralisateur, Roméo Elvis rend un opus très complet musicalement et très engagé humainement à l’image de son dernier titre “Perdu” dans lequel il sample du Gospel (avec l’aide de Vladimir Cauchemar), le premier artiste francophone à le faire (aux Etats Unis Chance The Rapper et Kendrick l’avaient déjà fait). En trois jours d’exploitation, il avait déjà écoulé plus de 10 000 opus tous supports confondus.
Qui prétend faire du Rap sans prendre position ?