À l’aube de leur carrière, le groupe IAM dévoile le projet “L’école du micro d’argent”. Sorti en 1997, cet album devient un classique absolu du rap français, considéré comme le chef-d’œuvre du groupe IAM. Des titres comme “La Saga”, “Demain c’est loin”, “Quand on allait tu revenais” ou encore “L’Empire du côté obscur” sont devenus cultes dans la légende du rap hexagonal.
Comme beaucoup de groupes de leur époque, les membres de IAM plongent dans la culture pop pour nourrir leurs références. À l’instar du Wu-Tang Clan — avec qui Shurik’n et Akhénaton collaborent dans “La Saga” — le groupe puise dans l’univers des films de kung-fu, notamment “The 36th Chamber of Shaolin”, dont des extraits marquent l’album “Enter the Wu: The 36 Chambers” de leurs “cousins américains”. Shurik’n évoque même les moines Shaolin dans “Quand tu allais on revenait”. De “Ombre et lumière” jusqu’à “L’Empire du côté obscur”, IAM s’inspire également de l’univers de Star Wars.
Dans une interview accordée à “Brut”, Akhénaton confie que découvrir le premier épisode de la trilogie originale en 1977 a été “un grand choc”. Il explique y avoir vu un monde binaire, sans nuances, où les bons et les méchants sont désignés d’office. Il voulait, avec ce morceau, montrer que parfois “l’espoir émerge du noir” (citation de Shurik’n dans “L’Empire du côté obscur”), et que ceux qui prônent la pureté ou la bienséance ne sont pas toujours du bon côté. Une réflexion qu’on retrouve dans la scène finale du film Malcolm X de Spike Lee.
Sans entrer dans des considérations raciales, c’est sans doute le poids de l’Histoire qui associe tant de maux à la couleur noire. “L’Empire du côté obscur” n’est donc pas qu’un clin d’œil à Star Wars, mais un véritable plaidoyer contre le manichéisme. Aujourd’hui, à l’heure où les débats sont simplifiés à l’extrême, où l’on entend partout “soit t’es pour, soit t’es contre” (Orelsan – “L’odeur de l’essence”), ce message est plus que jamais d’actualité.
Au début du morceau, une voix off mythique retentit, entrée dans l’histoire du rap français. Mais d’où vient ce sample ? Il est tiré d’une version audio de “20 000 Lieues sous les mers”, narrée par Jean Gabin avec une musique composée par Jean-Michel Jarre. Un objet rare, devenu culte, aujourd’hui difficile à retrouver.
