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La Haine au cinéma, une étrange redondance

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C.E.O HELL SINKY, author, journalist, documentary

La pellicule du film La Haine a été dépoussiéré. Ce trésor du cinéma, culte et classique, reprend de sa splendeur et gagne en qualité puisque le film de Mathieu Kassovitz sera projeté en 4K à partir du 5 aout prochain.

La ” remasterisation ” en 4K avait été lancé le 31 mai dernier par le British Film Institute qui voulait célébrer les 25 ans du film en diffusant cette nouvelle version dans plusieurs cinéma au Royaume-Uni.

C’est un fait, le film La Haine a convaincu le monde entier. Aujourd’hui, l’annonce d’une nouvelle sortie en France a été reprise par de nombreux médias, par les réseaux sociaux, mais aussi par tous les sites traitant des cultures urbaines car, au-delà de sa qualité cinématographique, nul ne peut renier la teinte « hip hop » du film comme le prouve, entre autres, la scène culte de Cut Killer faisant résonner la voix de Krs-One du haut de sa tour.

Non rien de rien n’a changé

Le film La Haine raconte l’errance de Vince, Saïd et Hubert, trois amis vivant dans une cité tourmentée par la blessure du jeune Abdel qui, après une confrontation avec un policier, se retrouve gravement blessé à l’hospital. Démarrant au lendemain d’une nuit d’émeute, l’histoire s’enrichit au gré des déambulations de l’équipe, entre leur banlieue et Paris.

Récompensée par le prix de la mise en scène en 1995 au festival de Cannes, puis par le césar du meilleur film l’année suivante, l’œuvre a également marqué, techniquement, le cinéma français.  

Aujourd’hui, les chaines de télé ont ressorti les vielles cassettes de l’équipe célébrant le succès du film. Ainsi, les spectateurs ont pu revivre la montée des marches de Vincent Cassel, Saïd Taghmaouï et Hubert Koundé, tous très jeunes, fiers, et souriant sous le soleil du sud. De leur coté, les plus jeunes journalistes ont dû apprendre, parfois sans succès, à résumer le film en une seule phrase sur leur papier.

Mathieu Kassovitz allias Malotru a lui lâché sa légende pour revenir parler de son “classique” sur les plateaux répétant, encore, qu’il ne s’agissait pas d’un film sur la banlieue mais d’une histoire inspirée par une réelle bavure policière. Bizarrement, un peu comme Saïd face à la mort de Vince, devant ce retour anniversaire collant tristement à l’actualité, nous avons ressenti l’envie de fermer les yeux afin de croire à un mauvais rêve.

En effet, inspiré du meurtre de Makomé M’Bowolé, tué par un inspecteur dans le 18 ème arrondissement le 6 avril 1993, le film La Haine aurait pu sortir 2020 sans qu’on y voie un anachronisme. Un constat amère nous dirait Kery James.

Quelques semaines après le décès de George Floyd et les manifestation pour Adama Traoré, il est difficile de ne pas mentionner ici une certaine redondance. Invité dans l’émission c’est à vous, Mathieu Kassovitz a évoqué le rôle de l’État.

En latin, le terme redondance signifie exactement « trop plein, excès ». Alors, en attendant de connaitre la suite des évènements aux États-Unis, mais aussi en France, l’effet miroir du film La Haine qui, quelques mois après Les Misérables de Ladj Ly, évoque une nouvelle fois la bavure policière, pourrait faire déborder un peu plus un vase rempli d’une eau polluée et stagnante depuis trop longtemps.  

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