La drogue c’est comme une longue descente en enfer, une danse à nu avec ses démons intérieurs. Majuscule est encore très jeune mais elle porte les stigmates de son passage chez les toxicos. La petite fille de son adolescence n’a plus rien à voir avec cette femme d’une gentillesse rare mais qui retient sa générosité de peur d’être abusée. Oui les yeux sont le regard de l’âme, et dans le carcan de ces yeux vidés, on retrouve la souffrance extrême d’une âme trahie par l’humanité. Elle le criera dans l’un de ses morceaux, “le diable c’est nous c’est l’humanité ou plutôt ce qu’on a fait de notre tolérance envers les autres.”
Majuscule est brimée pendant son enfance. Élève surdouée, elle aligne les chiffres et les lettres esthète adepte de la perfection. Un jour deux camarades de classe lui donnent une claque sans raison. Elle leur rend la politesse à la récréation : “Je me souviens les avoir longuement regardées. Leur avoir demandé pourquoi. Y avait aucune raison, alors quand la récré est venue, je suis allée droit sur elles, je me suis arrêtée deux secondes, j’étais tellement énervée… je leur ai rendu leur baffe, devant tous leurs potes.”
A la maison, les parents de Majuscule se révèle violent. C’est souvent dans les foyers fermés que se développe la véritable violence loin des regards, loin du jugement, autour des portes fermés de la maison : C’était à base de : un qui me tient, l’autre qui tape, j’écris tape, parce que c’était plus violent que de simples baffes ou corrections mais c’était rare que j’ai des bleus, en tout cas de gros bleus. C’était de la maltraitance mesurée. Mais les humiliations qu’elle subie sont réelles : Ils m’opprimaient avec des violences verbales, des douches nues et froides, donc de l’humiliation. Je rangeais ma chambre et jusquà minuit/ une heure du matin, ils venaient retournaient tout. Majuscule se réfugie chez sa meilleure amie… puis dans la drogue.
Une façon de conjurer un mauvais sort qui ne va pas cesser de s’acharner sur la petite fille. A l’internat, elle traine avec les mauvais garçons elle fume des joints sous le regard amusé du personnel :e Je ne sais pas pourquoi j’ai commencé à fumer des joints avec eux. Au début je les aimais pas du tout en plus. Mais on vivait ensemble. Majuscule deal de la drogue. Les problèmes que va lui rapporter son gagne pain la déscolarise peu à peu. Un autre dealer vient menacer sa mère avec une arme blanche, elle décide de la placer ailleurs. Puis elle est elle même menacée. De fil en aiguille, l’enfant surdoué saute de filière en filière sans jamais se retrouver. Puis elle finit avec un garçon, et commence à se shooter à l’héroïne. On vient de franchir un palier Majuscule est désormais une esclave comme les autre âmes sans vies qui arpentent nos ruelles quand nous sommes couchés.
A 18 ans en manque d’héroïne, elle finit par partir. Sa mère tente de la placer chez sa grand mère, mais Majuscule ne fait que vendre de l’héroïne désormais. C’est devenu son gagne pain. Elle tient deux semaines chez sa grand mère.
Alors elle s’évade dans les rave party . Elle trouve des gens brisés comme elle que la vie a malmené d’une manière ou d’une autre. Elle vend de la drogue beaucoup de drogues sans doute les 1000 e qu’elle fait tous les soirs en tant que dealeuse ne lui suffisent pas : Je me souviens avoir vendu pour 1000 euros de mdma en une nuit. Du gros benef, mais mes potes étaient un peu trop à mes crochets. Ca m’a bien vite saoulé, je suis repartie. J’alternais chez mes parents et la rue. Elle finit par frapper sa mère et casser une côte à son père.
Elle rencontre la femme pour laquelle elle écrit toutes ses chansons. A l’écoute de l’œuvre de Majuscule, on trouve beaucoup la deuxième personne du singulier, ce “tu” à qui l’on s’adresse toujours avec énormément d’affection. Ce “tu” c’est la femme de sa vie, mais Majuscule n’est pas encore disposée à la rencontrer. Après leur idylle, la jalousie entre elles les dévore. C’est une passion mais une passion toxique. Et leur entourage voit tout ça d’un mauvais œil. Majuscule joue au jeu de l’amour et du hasard dans un amour passionnel façon Carmen.
D’abord les squats sont luxueux. On traine avec des copains le soir de son anniversaire dans une villa luxueuse qu’on rejoint à la nage : “Pas du tout sain, plein de drogues et de drogués, que des soirées. C’était pendant les inondations, le soir de mon anniversaire par exemple, les gens ont nagé pour rejoindre la maison. Ca a choqué les gitans du coin de voir des filles nager nues visiblement. En vrai, c’était marrant. Le lendemain les pompiers nous ont tous évacués. C’est une maison ou y avait un jacuzzi, douche à l’italienne. Y avait des orgies là dedans“
Puis les choses s’accélèrent, et on finit par squatter dans l’appart d’un gars qui abuse une grand mère de 60 ans. Un Michto, une espèce rare mais carrément pas en voie de disparition. Oui les viols et les bagarres font partie du quotidien de Majuscule : J’ai atterri dans une chambre à louer. Où ca s’est mal passé, c’était un renoi qui s’était marié avec une vieille qu’avait déjà dépassé la soixantaine pour les papiers, ca crevait les yeux. On a fini par se battre. La droite que je lui ai rendu l’a calmé, mais m’a aussi tordu le pouce (ouais j’sais pourtant j’ai fait des sports de combat mais bon, sur le coup hein).
Dans ce marasme, cette femme qu’elle a rencontré devient son seul exutoire avec l’écriture. Mais lorsque ses proches la manipulent, pour lui faire savoir, que sa petite amie n’a pas hésité à la tromper. Elle se vautre dans l’autodestruction et devient une toxico.
Majuscule se retrouve à la rue autour de Gare du Nord là où traine nos âme sans vie : “Jai passé des jours et nuits entières à gare du nord avec des gens que je connaissais absolument pas a faire confiance à mon feeling. J’me suis retrouvée chez deux immigrés. Forcement ils ont voulu me baiser, ambiance trop malsaine.”
Elle doit la vie à sa plume toujours caustique et à un producteur parisien.
Dernier épisode “Soon”.