Eniah, un artiste dans la vingtaine, explore les liens profonds entre la France et le Maroc à travers son œuvre, comme s’il avait bâti un pont musical entre deux nations. Son père, lui-même musicien, lui transmet sa passion. Eniah commence sa carrière au son de la Derbouka et des solos de saxophone. Pianiste passionné, il rédige ses premiers textes à 14 ans, influencé par les grands noms de la scène rap française, d’IAM à Abd’Al Malik, et leurs successeurs, comme Nekfeu et d’autres. En tant qu’ultime expression de métissage, il puise également dans les écrits de Darwich. Il vient tout juste de dévoiler son projet “Khelini“, un EP porté par la mélancolie d’un enfant métis qui semble n’appartenir à aucun pays à une époque où les nationalismes font rage.
Eniah réclame “Khelini” !
Les trois titres de l’EP ont été composés par Onze et Jerem. De “Je joue du piano” à “Rien de magique“, l’artiste livre ses textes dans une atmosphère acoustique. L’EP débute avec “Je joue du piano“, un slam mélancolique et introspectif. Eniah se tourne vers lui-même, évoquant ses doutes et ses passions, comme ce lien indélébile avec le Maroc de ses parents, ce regard qui se tourne inévitablement vers le sud.
Tout au long de l’EP, les influences maghrébines se font sentir. Le métissage reprend le dessus lorsque les percussions viennent accompagner la voix toujours posée de l’artiste, qui excelle autant dans le slam que dans le rap. Héritier des paroliers français des années 90 et 2000, Eniah prend la parole. De son Maroc, il retient la culture et les instruments que l’on retrouve également chez des artistes comme Zamdame et même Ziak. Mais malgré son parcours entre ces deux pays, la mélancolie demeure.
L’EP “Khelini” est poétique, sincère et puissant. Peut-être que dans cette jungle de bruits assourdissants, le calme et la douceur de cette déclamation subtile feront bien plus de bruit.