La Suède est le seul pays d’Europe qui a refusé le confinement. Les wikings ont préféré jouer sur l’immunité collective. Le bien fondé de cette théorie n’est pas prouvé pour le moment. Dans quelques mois, lorsque “l’hiver arrivera” avec une deuxième vague de Corona, on saura si le pays au drapeau jaune et turquoise à bien fait de laisser sa population circuler dans la plus grande liberté. L’épidémiologiste Anders Tegnell à la base de cette théorie du non confinement est une véritable star ici. Certains se font tatouer à son effigie.
Samedi dernier, je traînais nonchalant d’une pièce à une autre. La rédaction de R. m’envoyait que très peu d’articles. Donc je pouvais enfin me pavaner moi qui court toujours après quelque chose, et l’argent le plus souvent. A. affalée elle aussi sur notre canapé en elle me demande si je peux lui filer 500 krk. J’ai jamais été radin. Je lui demande pourquoi ? Elle me dit qu’on va aller à un pic nic. Je sais très bien qu’avec les beaux jours naissent les fanatiques des sorties à l’extérieur.
T’as toujours un gars chez tes potes qui militent chaque été pour t’emmener au cinéma en plein air à La Villette même si ça fait 30 fois que t’as vu “Brazil” de Terry Gilliams. Le lendemain le même pote te propose un foot, et puis si t’es le temps, tu peux squatter sur les 2 m de pelouse à Place Des Vosges devant l’appartement de Strauss Khan avant qu’il se tape Nafissatou Diallo (ou qu’il la viole suivant les versions). Mais A, la chaire de la chaire, serait-elle devenue ce genre de fanatique des sorties “naturelles“. Je désespère. Puis je commence à sentir l’hyperactivité en moi. On prend une douche et on sort deux heures avant le début du Pic Nic qui a lieu dans un club. C’est le Trädgården !
Pas la peine de prendre un uber on a trop d’avance. Alors on achete des bonbons. Mon diabète monte à 220, c’est dans ces moments là que je peux être plus flingué qu’après une poussée d’Archimède au Cannabis. On arrive dans un “Bar“. A. me fait comprendre que “tu peux pas prendre de vin chéri“. Là je comprends plus. Les suédois sont capables de faire un bar plutôt immense et de t’interdire de boire du vin. Ils préfèrent sans doute la bière. Le Mec avec son petit sourire me présente sa carte de bière avec toute une foultitude de breuvage dont la couleur vacille entre le blond et le jaune marron de l‘IPA. Il veut jouer à ça. Je demande à A. s’ils ont des bières parisiennes. Le regard dédaigneux de A. me fait comprendre que la blague s’arrête là.
On boit entre deux cigarette. Après trois mois de pause alcoolique, je sens les vapeurs de Lagunita me monter à la tête. Je suis déjà à moitié défait. On se rend au club pour le pic nic. Le mec à l’entrée, le physio est totalement parisien avec le côté arrogant et la mauvaise humeur en moins. Il prends nos noms. Et nous emmène vers le “Pic Nic”. Je veux pas être mauvaise langue. C’est embarrassant. La soit disant pelouse synthétique (de la moquette verte en réalité) est placé sur la scène en face du DJ tandis qu’un parterre de hipster placé sur des tables devant la scène nous regarde le visage blême et maladif comme tout hipster européen qui se respecte. On nous demande si on refuse d’être filmé. Car les seules spectateurs ne sont pas des hipster mais une armée d’internautes branché sur le live.
Le menu arrive ! C’est un menu totalement végétarien avec des asperges, du Snaps, du Yahourt enfin tout ce que le bobo a le droit d’avaler. Côté musical t’as une première partie consacrée à de la musique traditionnelle suédoise. C’est de la variété pas la danse des canards. Puis deux nanas arrivent et mettent fin à l’ambiance de fête en parlant des violences faites aux femmes. La Suède est plutôt en avance à ce sujet mais on ne l’est jamais assez. C’est une DJ femme qui joue de l’electro Hip Hop qui prend le relais.
Que pensez de ce pic nic ? Franchement très bonne ambiance. On se laisse transporter dans le trip malgré la moquette verte. Puis cette loi suèdoise qui interdit d’être trop nombreux est vraiment pas mal. On bouge pour aller aux toilettes. On perd notre place. Alors on commande deux Chablis. On retourne aux toilettes. Le mec nous déplace encore. Et on finit dans les rues de Stockholm. Après près de 3 mois d’abstinence, je suis complètement déchiré à tel point que je vanne en français les passant. Embarassé A. m’emmène dans un hôtel de luxe et me paie un café.
Je vais aux toilettes et sur le chemin j’ai l’impression de voir mon ami d’enfance B. J’ai jamais vraiment su ce qu’il était devenu. Nos chemins se sont séparés quand il a choisi le métal et moi le hip hop. Depuis il est perdu dans les couloirs du temps. On rencontre An. que ma meuf appelle “Little An“. Génial cette fille. On tape un bar à vin français tenu par un américain. C’est le Grus Grus. Me demandez pas pourquoi, les américains sont fourrés partout où il y a de l’argent. Les produits sont de qualité, les vins aussi. Je regrette juste un peu le côté snob de la chose. Mais l’ambiance est au top.
On finit la soirée dans une salle d’arcade HEY STHLM. Détrompez vous, c’est loin d’être un rade. Et il y a une “videuse” à l’entrée. On parle avec elle. Super cool le phyisio. Elle a d’ailleurs un super tatouage sur le visage. Toujours adoré ça mais je pourrais pas l’assumer. Déjà que mon boss à R. m’a glissé cette semaine cette sentence : “T’as un piercing dans le nez ? T’es Gay ?“.
Malheureusement ce genre de raccourcis est monnaie courante partout dans le monde. Alors le jour où j’aurais un tatoo sur le visage, il me demandera si je fume du crack. Pendant que Little An. et A. jouent à des jeux de danse, je joue à Tekken sur une borne en solo. Tu sais dans un coin où tu peux retrouver du street fighter, du mario kart. C’est le coin pour les “anciens” et il est désespérément vide. Je passe devant les appareils modernes tous japonais qui font des bruits étranges et qui débitent des couleurs roses et jaunes fluo. Little An. et A. tapent un jeu. J’essaie de comprendre les règles, j’y arrive pas, je sors, je fume une clope. Et je me demande ce qu’aurait été ma vie si j’avais 18 ans aujourd’hui.