Meta met fin au business du badge bleu ! Tous les artistes, influenceurs et professionnels le savent bien. Depuis plus de trois ans, les badges bleus sur Instagram se négociaient entre 2 000 et 20 000 euros sur un marché noir impitoyable où les escrocs proliféraient. Plongée au cœur d’un business parfois découvert par hasard.
Meta met fin au business du badge bleu : les escrocs
Il existe deux types d’acteurs sur ce marché noir. Les premiers sont les escrocs. Par un beau matin de janvier, un DJ parisien, lui-même certifié sur Instagram (malgré une notoriété très limitée), me contacte pour me proposer ses services. Après une vague campagne de promotion qu’il m’avait commandée, il me confie qu’il peut certifier n’importe quel compte sur Instagram pour 600 euros. Selon lui, la procédure est simple : il faut d’abord publier des articles de presse concernant le client, puis soumettre un dossier à Instagram.
Suite à cet appel, je mets le DJ en relation avec dix artistes qui me font relativement confiance. Après un mois d’attente, c’est le désastre : le DJ n’a réussi à certifier aucun compte. Les artistes demandent des explications. Plus tard, il se révélera être le Neymar de l’arnaque. Avec ses captures d’écran envoyées à la chaîne, ses contacts prétendus aux USA et en Inde, il était un expert… en escroquerie.
Par la suite, au détour d’une conversation avec un producteur parisien, j’apprends que ce DJ n’en était pas à son coup d’essai et qu’il avait même escroqué son propre producteur par d’autres moyens. L’affaire est close, mais ce type de business intrigue : on cherche à en comprendre les rouages, car s’il existe, c’est bien qu’il y a des opérateurs capables de communiquer avec Instagram.
Meta met fin au business du badge bleu : les opérateurs fiables
Il est difficile de quantifier le nombre d’opérateurs capables de certifier un compte Instagram. En 2021, ils étaient principalement 3 ou 4 basés autour de Paris, avec quelques autres opérateurs dans des pays francophones. Le prix d’un badge bleu pour les artistes était fixé à 2 500 euros.
La procédure était simple jusqu’en septembre 2022 : l’opérateur préparait un dossier pour l’artiste, comprenant une série d’articles publiés grâce à ses contacts dans les médias. Généralement, les artistes étant réels, cela ne posait pas de problème. Une fois 5 à 7 articles publiés dans des médias de renom, le dossier était soumis à validation. L’acceptation prenait entre 5 et 12 heures, et le badge bleu était obtenu.
Le problème surgit lorsque le client est un influenceur ou une entreprise. Cela tient d’abord à des raisons techniques : la condition sine qua non pour obtenir un badge bleu est d’avoir un Google Panel. Les artistes l’obtiennent automatiquement via la distribution de leurs œuvres sur les plateformes de streaming. En revanche, pour les influenceurs et les entreprises, seul un Wikipédia peut générer ce fameux Google Panel. Cependant, l’encyclopédie libre rejette souvent les demandes des agences de communication, rendant l’équation bien plus complexe.
C’est ainsi que certains opérateurs ont eu l’idée de transformer les influenceurs en artistes, en créant de toutes pièces une carrière : distribution de titres sur les plateformes de streaming et couverture médiatique fictive. Cette méthode très prisée pouvait rapporter jusqu’à 20 000 euros par badge bleu, notamment à Dubaï. À son apogée, en mars 2022, un opérateur était même capable de certifier des chiens et des chats.
Mais plusieurs médias spécialisés s’emparent de l’affaire et dénoncent ces pratiques. Facebook réagit : à partir de septembre 2022, presque aucun opérateur n’est capable de certifier un influenceur de cette manière. Pire encore, les règles de certification se durcissent. Meta ne laisse rien passer. La plupart des opérateurs brûlent leurs relations avec les médias, marquant le début de la fin pour ce business. Le badge bleu finit par être bradé autour de 600 euros.
Meta met fin au business du badge bleu : la décision finale
Lors d’une conférence de presse il y a un mois, Mark Zuckerberg a annoncé que le badge bleu sur Instagram serait désormais accessible par abonnement, à l’instar de Twitter. Ce badge bleu payant est censé contribuer au redressement de l’entreprise, qui a perdu un tiers de sa valeur en bourse.
Pour l’instant, nos contacts chez Meta laissent entendre qu’il pourrait y avoir une distinction entre le badge d’authentification et le badge de célébrité. Cependant, les pages d’aide de Meta ne confirment pas cette information.
Aujourd’hui, les opérateurs sont démunis, et les artistes ne savent plus quoi penser.
