Située à Javel... comme son nom le laisse imaginer, La Guinguette prend place dans un quartier mort né. Pour avoir essayé de me promener dans ce coin par un dimanche après midi, j’ai très vite compris que mes options se limitaient au Kebab et à La Guinguette. Et je n’avais pas envie de passer ce qui me restait du week-end un bout d’agneau coincé dans les dents à me réjouir de deux ou trois buts de l’équipe d’Algérie qui s’est qualifiée pour la CAN hier. Direction donc La Javelle avec l’éternel J. qui a réussi à m’accorder deux ou trois secondes entre deux matrices de gestion des risques.
Problème récurrent et c’est l’un des seuls. Si vous ne connaissez pas le lieu, vous risquez d’avoir un peu de mal à le trouver. Armé de mon meilleur ami, Google Map, je planche sur les artères de ce quartier calme mais morbide avec la Maison de la Radio en toile de fond qui se dresse dans l’espace de Paris. Finalement j’arrive devant la Seine où m’attendent deux videurs courtois, et sympathiques. C’est la première impression que j’ai eu. La Javelle est bel et bien un oasis perdu au milieu de nulle part.
L’espace se présente comme un long couloir à ciel ouvert entre la Seine et rien. Sur un espace en hauteur, on trouve le Bar avec de très bon vins et les bières artisanales “La Parisienne”. Plus haut dans le corridor, il y a plusieurs restaurants rapides de très bonne qualité. Rien à voir avec les merguez des #GiletsJaunes et autres manifestations syndicales ou populaires. Vous trouverez de la Pizza, des Hot Dog, et même de la Salade pour les plus sages d’entre vous. Le lieu mise sur la qualité, et pourtant le prix n’y est pas exorbitant. Cet espace bien fréquenté est en adéquation totale avec un esprit parisien devenu plus tolérant. On ne cherche pas absolument à montrer sa fortune, le but n’est pas d’emmagasiner les bouteilles au son de Star Wars, ou pire de La Ligue Des Champions, le “paraître” a laissé la place “au bien vivre”.
Devant le bar, une rangée de table très minimaliste (avec même quelques bureaux d’écoliers si l’on regarde bien) est placée devant le DJ placé au bout du corridor. La musique est un peu à l’image d’un lieu qui privilégie la convivialité quitte à décourager les plus snobinards d’entre nous. Ce soir là, les convives étaient invités à jouer au jeu “des chaises musicales” avec quelques rounds assez chauds et bien bruyants. Le DJ enchaîne les succès un peu old school. On y organise aussi des Karaoké, et même des concerts de musique.
Autre atout, et c’est une qualité aujourd’hui. Le lieu n’est pas abandonné à la jeunesse du quartier. La population de La Javelle est assez hétéroclite. Entre jeunes, trentenaires, habitués des soirées et profanes, les organisateurs ont réussi à créer une véritable alchimie. Ni trop snob, ni trop shlag, le lieu est un oasis perdu dans un quartier cossu qui mériterait de meilleurs soirées. C’est là que les préjugés peuvent sauter car La Javelle est “meilleur esprit” que certaines boites electro du Nord de Paris dont le “bon esprit” est pourtant l’argument de vente principal.