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Mais que voulait dire Michael Jackson ?

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1. Une phrase obscure devenue un hymne mondial

Pour des millions d’auditeurs à travers le monde, le refrain « ma‑ma‑se, ma‑ma‑sa, ma‑ma‑coo‑sa » est resté gravé comme un cri de fête, de mystère, de groove irrésistible. Mais peu savent qu’il ne s’agit pas d’un simple gimmick phonétique : cette formule est née en Afrique, bien avant que Michael Jackson ne l’immortalise dans « Wanna Be Startin’ Somethin’ », morceau d’ouverture de l’album Thriller (1982).

À l’origine ? Un saxophoniste camerounais de génie, Manu Dibango, qui compose en 1973 un morceau destiné à n’être que la face B d’un hymne sportif : « Soul Makossa ». Dédiée à la 8e Coupe d’Afrique des Nations et à l’équipe du Cameroun, la chanson s’envole pourtant vers les sommets. En pleine ère disco, elle envahit les clubs new-yorkais comme The LoftDavid Mancuso la joue en boucle, avant de percer dans les charts américains. À une époque sans streaming ni viralité numérique, c’est un miracle : près de 2 millions d’exemplaires vendus aux États-Unis, plus de 50 000 en France malgré une distribution gratuite, et 9 semaines dans le Billboard Hot 100.

2. Thriller, le vol assumé ?

Quand Michael Jackson insère le gimmick dans « Wanna Be Startin’ Somethin’ », il ne cite ni ne crédite Dibango. Et pourtant, la ressemblance est frappante. À l’écoute, la phrase répétée à l’envie est quasiment identique, mais chantée avec l’élégance vocale du King of Pop. Ce n’est plus un gimmick africain, c’est un mantra planétaire.

Manu Dibango engage alors une action en justice. Le différend est réglé à l’amiable en 2007 : Jackson accepte de lui verser une indemnité et d’accorder un droit de regard sur toute future réutilisation du motif. Une reconnaissance implicite, certes discrète, mais cruciale. Le mal est réparé ? Pas tout à fait.

3. Rihanna relance la machine… sans prévenir

En 2007, c’est au tour de Rihanna de relancer la fameuse formule avec son hit planétaire « Don’t Stop the Music ». Cette fois, le sample est directement emprunté à la version de Michael Jackson — avec l’autorisation de ce dernier, mais sans l’accord de Manu Dibango. Le saxophoniste camerounais, une nouvelle fois lésé, dépose plainte contre Sony BMG, EMI, Warner, Jackson et Rihanna, demandant 500 000 € de dommages.

La justice reconnaît bien une atteinte à ses droits, mais rejette sa demande au motif qu’il avait déjà accepté un accord en 2007. Ainsi, la boucle est bouclée… ou presque. Le gimmick, lui, continue de résonner à travers les époques, les clubs, les échantillons, sans que beaucoup ne sachent d’où il vient.

Alors que voulait dire Michael Jackson ? L’ancien King de la Pop et Rihanna voulaient rendre au premier morceau africain qui s’est imposé aux USA. Et derrière cette phrase que tout le monde connaît sans la comprendre, c’est le génie de Manu Dibango qui résonne encore.

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