Esmaïl est iranien. Il vit au Danemark depuis deux ans. Il n’a rien à voir avec Milo et Kurt le con qui « vivaient » dans le monde de la drogue de Pusher III, l’Ange de la mort. ( Pusher III : Journée de merde pour papa-poule ).
Esmaïl, c’est un ange des corps. Un verre de vin à la main, toujours dans le même bar, il sait plaire aux Danoises. Il sait parler. Il s’exprime bien en Danois. Il a de l’humour. Et, sexuellement, il fait salle comble. Moitié talentueux Mr Ripley/ moitié Esmaïl, c’est l’homme araignée mais sans sa toile et sans sixième sens. Une fois séduites, une à une, ses conquêtes se détachent. On regarde donc Esmaïl tirer son coup puis avoir du mal à joindre les deux bouts. On l’envie d’abord puis on le plaint.
Avec The Charmer, j’ai appris qu’il existait une diaspora iranienne en Suède et au Danemark. Cela semble quasi-culturel. Avec Esmaïl, on est aussi un peu dans le surnaturel car s’il est bien éduqué, on ignore qui il est véritablement. Et lui, ignore qu’il existe une diaspora iranienne au Danemark. Il se croyait le seul. C’est vrai qu’il est un peu unique en son genre.
Car pour cette diaspora iranienne, bien plus aisée que lui, le souvenir de l’Iran est un musée sacré dont Esmaïl a peut-être plus entendu parler que connu. Il se retrouve donc exilé au royaume du Danemark parmi ses conquêtes mais aussi parmi d’autres Iraniens, eux-mêmes exilés au Danemark et accrochés à leur communauté où Esmaïl est un étranger.
Car ils n’ont pas les mêmes rêves. Et, de l’homme araignée sans toile véritable, Esmaïl devient de plus en plus sirène. Tellement sirène que si ce film nous entraîne, il entraîne aussi Esmaïl dans une vie différente de la sienne. Ce qui se tient :
Les grands séducteurs sont aussi ceux qui savent se convaincre eux-mêmes.
Reste à convaincre les autres que le rêve danois d’Esmaïl sera encore là au moment du réveil et qu’il pourra le tenir par la taille. The Charmer est l’histoire d’un homme travailleur, intelligent et charmant plutôt doué pour les relations comme pour faire des rencontres mais qui reste le seul à croire à un rêve auquel les autres ne croient pas. C’est peut-être aussi un film sur la foi, finalement. Esmaïl n’est pas fait de la même foi que les autres.