“Pleasure” raconte le quotidien de la pornographie ! Ninja Thyberg est fascinée par la pornographie. En interview, elle laisse entendre qu’elle a vu son premier film pornographique à 16 ans. Depuis elle tente de percer les mystères de ce huitième art entre fantasme de mecs en manque et réalité sordide. La jeune réalisatrice a réalisé un petit court métrage sur la réalité du milieu en 2013. Le 6 octobre, un petit cinéma de Stockholm lui faisait l’honneur de diffuser son long métrage “Pleasure” en avant première avec une petite interview à la clé. Le film a été nominé à Sundance et son court métrage récompensé dans les antichambres à Cannes.
La plupart du temps, il vaut mieux partir du stéréotype que d’y retomber. Alors tout commence comme dans un anti conte de fée. Partie d’une province glaciale en Suède, Bella aka Sofia Kappel débarque à l’aéroport de Los Angeles. La douane lui demande si elle est là pour le “business” ou le “pleasure“. Elle répond “pleasure“. En réalité, Bella est venue percer dans l’industrie de la pornographie. Victime de sévices plus jeunes, elle s’ennuie dans sa Suède natale. Un visage angélique pour un triste dessein ? Non à aucun moment, Ninja Thyberg ne juge les actrices amateurs et professionnelles qu’elle met en scène. Il n’y a pas de morale. La pornographie made in California est montrée tel qu’elle est depuis l’arrivée des réseaux sociaux : un business. “Pleasure” raconte le quotidien de la pornographie !
Les dialogues sont crus, les scènes sont explicites. Aucun détail n’est épargné au spectateurs depuis les débuts dans la pornographie de Bella, jusqu’à ses scènes SM, ou carrément violentes. A la fin du film, Bella reproduira sur une actrice le viol qu’elle a subi par des deux hommes devant la caméra. Ninja Thyberg ne tombe pas non plus dans l’écueil de la diabolisation. La pornographie est présentée tel qu’elle est comme le milieu des professionnels du sexe. Les femmes y font carrière, les hommes aussi. “Pleasure” raconte le quotidien de la pornographie ! Mais Nina Thyberg est surréaliste dans ses prises de position à la caméra. Avec le flou, la vue subjective, les mouvements stridents d’horreur de l’appareil, elle décrit le calvaire de Bella dans certains scènes. Nina Thyberg est authentique dans sa mise en scène. Elle décrit la violence avec une mise en scène ultra violente.
La plus belle réussite du film à l’image des documentaires d‘Ovidie, ou encore de Hot Girl Wanted, est de lever la voile sur le porno. Avec tout ce que le porno a de sordide et de burlesque, Ninja Thyberg désenchante un milieu qui tient sur le fantasme. L’envers du décor sans moralisme c’est un superbe épopée que nous présente la talentueuse réalisatrice suédoise. C’est une véritable success story dans le milieu du sexe.