« Metropia » est un film d’animation suédois sorti en 2009. Son metteur en scène Tarik Saleh a déjà fait ses preuves avec « Le Caire Confidentiel». Le film se déroule dans une banlieue de Stockholm dans un futur proche alors que les grandes villes du monde sont reliées entre elles par un métro géant qui relie par exemple Paris et la capitale suédoise en 45 minutes. Antisocial de caractère, le héros du film se refuse à épouser les nouvelles technologies. Dark bobocrate nihiliste, il vit à l’écart de la technologie poussée par des instincts paranoïaques. Puis une voix intérieure finit par lui parler et l’embarque dans un vaste complot généralisé ! Délire paranoïaque ou complot des industriels pour contrôler le monde, c’est toute l’ambivalence du discours de Saleh.
Si Orwell et Tim Burton n’avaient pas existé sans doute le Metropia de Saleh serait un chef d’œuvre. Pour ce qui est de la forme, ces personnages déjà morts avant même d’être nés, la face blême et maladive, le corps a peine plus épais que le corps d’une tête de mort de chez Philippe Plein sont la métaphore d’une époque où le cynisme a remplacé l’idéalisme. La Nature si proche des suédois a été fondue dans d’immenses ensembles grisâtres dont ruissellent des gouttes d’eau crasse comme si les égouts s’échappaient désormais de toutes les fissures de tous les bâtiments. C’est ce malaise ambiant, cette angoisse qui dure plus d’une heure dans les traits saillants de ces personnages malades que le réalisateur réussit son effet. Seul ombre au tableau, un certain Tim Burton au cinéma s’en fait une spécialité depuis « L’étrange Noël de Mr Jack » jusqu’au « Noces Funèbres ». Oui « Metropia » est tout simplement un croquis de Burton.
Pour ce qui est de l’apocalypse et du contrôle total de la population mondiale. La encore, Saleh fait tourner le micro onde. Oui, l’autre aspect de la révolution numérique qui est en marche, et tout ceci est déjà très réel en Chine, c’est bien entendu l’utilisation des nouvelles technologies pour raffermir une autorité, voire une emprise totale sur le corps et l’esprit du peuple. Mais Orwell a déjà anticipé tout ça il y a plus de cinquante ans. ne peut prétendre faire de l’anticipation.
En revanche, la décharge émotive que suscite Metropia est la plus grande réussite du film. Le dessin angoissant, ce doute persistant qui consiste à se demander tout au long du film si le personnage principal délire ou pas, vous font plonger dans une forme d’inquiétude prolongée. Métropia mérite certainement la place qui lui accorde les critiques en tous genres, le film est très bien réalisée et fait état du talent de Saleh dans la mise en forme d’un univers. En revanche, le scénario vu et revu et l’imagerie calquée sur Burton peuvent vous décourager.