Les Américains affichent souvent les noms de leurs compositeurs en grandes lettres dans les différents médias qui traitent de la musique afro-urbaine. En France, par manque de professionnalisme ou à cause de notre culture musicale inadaptée, seul l’interprète tient le haut de l’affiche. Et pourtant, DJ Mehdi, mort au début des années 2010, a exercé une influence cruciale tant sur le hip-hop lorsqu’il a fait grandir la Mafia K’1 Fry que sur la French Touch qu’il a portée pendant son âge d’or.
À sa mort, dans un accident domestique burlesque, Pharrell, DJ Premier et de grandes stars américaines se pressent pour lui rendre hommage. De grands médias nationaux lui consacrent un sujet, et même à l’international, son influence est célébrée. L’héritage de DJ Mehdi est immense sur le rap, cependant il n’est pas assez cité.
DJ Mehdi : Du ghetto aux plus grandes scènes !
Comme les artistes le répètent souvent, ils ont baigné dans la musique. Dans le cas de DJ Mehdi, métis franco-tunisien, il est né dans la fête. L’influence de sa famille va être cruciale dans sa carrière lorsqu’il commence à composer ses titres, car c’est dans la formidable collection de vinyles familiale que le DJ va puiser. Au début des années 90, le sampleur que convoite Mehdi coûte près de 30 000 francs. C’est l’équivalent d’une petite voiture. Alors, le jeune homme de cité, à l’instar des fondateurs du mouvement comme DJ Kool Herc à New York, fabrique lui-même un sampleur à partir de deux platines vinyles pour isoler les sons qu’il souhaite retenir. C’est le début du génie de l’artiste.
Plus tard, lorsqu’il remet sa première cassette de samples à Idéal J, déjà gouverné par un rappeur mature et iconoclaste que l’on appelle Kery James, le monde du rap reconnaît son génie. De “Original MC’s”, premier album d’Idéal J, en passant par “Nouveau Western” de MC Solaar, “Pour ceux” de la Mafia K’1 Fry, ou ses titres “Signatune” et “Lucky Boy”, perles rares de la French Touch, le compositeur a laissé une empreinte indélébile sur le rap français. Un documentaire réalisé par son meilleur ami Thibaut de Longeville retrace la carrière du beatmaker emblématique du rap et de l’électro en France. En donnant la parole à tous ceux qui ont partagé un moment de vie avec lui, le documentaire, à la fois intimiste et pertinent, revient sur la genèse du mouvement hip-hop en France et la naissance de la French Touch. En consacrant un documentaire en six épisodes à l’un des joyaux de la musique en France, Arte esquisse aussi les mouvements qui ont traversé la musique depuis les années 90 jusqu’au décès de Mehdi dans les années 2010.