Avec Essonne History X, Ziak frappe un grand coup. Originaire de l’Essonne, le rappeur s’était déjà imposé dès son premier album « Akimbo », certifié disque d’or malgré l’absence de collaborations notables, hormis un featuring avec Maes.
Fidèle à son image, Ziak cultive le mystère et l’obscurité : son identité dissimulée, ses visuels sombres, son flow tranchant et ses lyrics ancrés dans la réalité de la rue forment une esthétique cohérente et redoutablement efficace. Son univers sonore, dès ses débuts, se distingue par l’usage audacieux d’instruments d’inspiration arabe, façonné aux côtés du beatmaker Focus Beatz.
À l’image de Kalash Criminel ou Pare Baal, Ziak évolue masqué dans le paysage du rap indépendant, préservant ainsi son anonymat. Ce n’est qu’à l’aube de la sortie de son troisième opus, « Essonne History X » — successeur de « Chrome » — qu’il accepte de se livrer un peu plus, en accordant une interview à Mehdi Maïzi dans Le Code, puis à Mouloud Achour dans l’émission Clique.
Dans cet entretien, il revient sur son choix de rester masqué, affirmant : « J’ai beaucoup de respect pour les gens qui ne sont pas masqués », mais souligne qu’il ne renoncera jamais à son anonymat, devenu pour lui une forme de liberté, malgré les obstacles que cela implique dans l’industrie musicale.
Avec « Essonne History X », Ziak se réinvente. Les sonorités sont résolument modernes, mais les influences, elles, dépassent les frontières : entre rap US, old school et inspirations venues d’ailleurs, l’artiste démontre une vraie ouverture musicale. Si certains fans s’étonnent de cette prise de risque, les chiffres parlent d’eux-mêmes : près de 9 000 ventes en première semaine. Un choix artistique audacieux, loin de la facilité d’un simple « Akimbo 3.0 ».
Dans cette dynamique, il publie également le titre « Manuel de Vengeance », une réponse cinglante à 404Billy, qui reste toutefois dans le registre artistique.
Ziak répond à 404Billy dans « Manuel de Vengeance » !
La production, comme souvent, est signée Focus Beatz, fidèle collaborateur de Ziak depuis ses débuts. On lui doit notamment « Akimbo », « Ça suffit », « Vrai / Faux », « Gros Lot » ou encore « Shonen », ainsi que des productions pour Dinos (« CTRL + V ») et Zed (« Sac à 3K », « M3 »).
Le morceau se distingue par un sample vocal éthéré et une rythmique percutante, tout en conservant cette ambiance sombre propre à l’univers de Ziak. Le clash y est frontal, assumé :
« Ça dit mon nom presque ça bande, il fait des trucs de fou avec sa langue. T’sais très bien que j’te déclasse en rap, tempi dans mon 9-1, j’ai déjà pissé sur le 404, à l’ancienne, j’prenais le 404 et quand j’veux j’reprends 404. »
Ce texte répond directement à 404Billy, qui l’avait attaqué dans le morceau « N.Léviathan » avec ces mots : « Aucune dignité, ils prennent dans l’œsophage, dans l’fiak, 404 c’est vraiment moi, c’est pas un personnage comme Ziak. » (source : Génération FM).
Le clip, réalisé par Denys Bourbier — à qui l’on doit déjà les visuels de « Story » et « Belle Madame » — s’inscrit dans cette ambiance pesante. On y voit un homme observant à travers des persiennes, la caméra opérant un lent zoom arrière, accentuant le malaise. Une réalisation sobre mais efficace, en parfaite harmonie avec le morceau.