VII est un rappeur et écrivain originaire du sud-ouest sévissant depuis 1995. Il est autant reconnu pour son rap dit “gore” que pour ses textes plus conscients. Avec onze projets à son actif, il demeure une référence incontournable dans le paysage du rap francophone. Nous avons eu la chance de pouvoir lui poser quelques questions…
- Salut VII. Peux-tu te présenter aux lecteurs d’Urban Tracks qui ne te connaissent pas encore ?
Je rap depuis 95, j’ai sorti mon premier vrai album en 2007 qui s’intitulait Lettre Morte et depuis j’ai environ onze projet à mon actif. En parallèle à tout ça, j’écris de la SF, j’ai trois romans pour le moment et je travaille actuellement sur le quatrième.
2. Tu as commencé par le rap dit « gore » avant de t’orienter vers un rap plus conscient. Peux-tu nous raconter et nous expliquer cette évolution ?
J’ai sorti beaucoup d’albums gore, je suis d’ailleurs plutôt connu pour ça « le premier mec en France à avoir fait de l’horrocore ». J’aimais le Death Metal et les films d’horreur, ça m’a paru un concept intéressant. Après plusieurs années dans ce registre, je pense avoir fait le tour de la question. Ce n’est pas exclu que je m’y remette un jour, mais pour le moment je me concentre sur une musique plus intimiste, plus réfléchie. Actuellement, la dimension gore est très présente dans mes romans, j’aime ça et c’est une manière de rendre mes livres plus originaux, moins grand public.
3. Tu as fait de nombreuses références au Pays basque et à ses autonomistes dans tes morceaux. Peux-tu nous expliquer cet attachement et ce que cette culture représente pour toi ?
Je vis simplement dans ce pays-là, ma fille est scolarisée dans une école basque et chez nous les années sont rythmées par des fêtes et des traditions liées à ça. C’est une culture très ancienne et nous souhaitons qu’elle perdure encore sur quelques générations. Plutôt qu’« autonomiste », je préfère le terme « indépendantiste », j’aimerais simplement qu’un jour ce pays existe et détermine lui-même ses choix, que ce ne soit plus ni la France ni l’Espagne qui décide pour nous.
4. Tu as décidé de ne plus faire de concerts. Pour quelle raison ?
Manque de temps, absence de « backeur »… bref trop de contraintes pour le moment.
5. Grand nombre de tes auditeurs regrettent cette période « gore »… As-tu l’intention de refaire un titre dans le genre un jour ?
Peut-être un jour en format court ouais, sous forme de maxi, j’ai quelques idées dans ce genre, mais ce n’est pas ma priorité.
6. Tu es l’auteur de plusieurs bouquins. Trois sont parus… Que préfères-tu ; écrire un album ou écrire un livre ?
J’aime les deux, mais écrire un livre est infiniment plus contraignant et compliqué que de bosser sur un album. Je pense réellement que j’ai plus de potentiel en temps qu’auteur que dans le rap. Pendant quelques années je compte m’appliquer sur l’écriture de mes romans afin de m’améliorer au mieux dans ce domaine.
7. Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton processus d’écriture et de travail ?
Ça serait un peu long d’entrer dans les détails, mais pour faire simple j’écris tous les jours, je ne me trouve aucune excuse. Je structure au maximum mon taff pour parvenir en temps et en heure à un bon résultat. C’est mon job, je n’ai pas vraiment le choix ; si je m’endors je suis à la rue, ça pousse forcément à s’investir toujours à fond.
8. Parmi tes albums, il y en a-t-il un dont tu es particulièrement fier ?
Les matins sous la lune, car il y a des titres comme Kevlar, La corde, Capturées de bonne heure, Sans soleil. Ça fait clairement partie de ce que j’ai fait de mieux.
9. Le fait d’être père a-t-il changé ton regard sur le rap ?
Sur le rap non pas du tout, sur la vie de manière générale oui totalement. Ce n’est pas le cas de tout le monde (surtout chez les mecs), mais du jour où j’ai su que j’allais être père ma fille est devenue ma priorité absolue. Un enfant c’est fascinant. Mon quotidien tourne autour d’un petit être de 4 ans, et, même si ce n’est pas toujours simple, c’est vraiment génial.
10. Des projets en perspective ?
Comme je le disais, je suis actuellement en train de bosser sur un roman assez ambitieux qui me demande un travail considérable. J’espère pouvoir le sortir en octobre 2020.
Propos recueillis par Bobby la Seiche