Ninho vient de frapper à nouveau avec son dernier single, « 5 Bleus ». Ce titre surgit alors que le rappeur laisse entrevoir de plus en plus clairement ses intentions : offrir bientôt à son public le quatrième volet de sa mythique mixtape M.I.L.S. Lorsqu’il avait lancé le premier volume de M.I.L.S, peu imaginaient un tel destin pour ce jeune artiste du 91. Depuis, il a écrit l’une des plus belles pages du rap français : diamant pour Destin, une pluie de triples platines, et un succès fulgurant qui n’a jamais cessé de croître. En 2023, il dévoile N.I, un opus ambitieux marqué par quatre featurings internationaux – Lil Baby, Arya Starr, Central CEE et Omah Lay. Treize jours seulement après sa sortie, le disque est déjà certifié or. Mais désormais, Ninho ne semble plus courir après les superlatifs.
Cap sur l’international ? Peut-être bien. Invité la même année dans l’émission de Léa Salamé sur France Inter, Ninho y apparaît fidèle à lui-même : posé, lucide et respectueux. Couronné par une Victoire de la musique, il a tourné la page des polémiques contre une institution qui avait longtemps négligé le rap. Sur l’affaire Nahel, il lâche une phrase lourde de sens : « c’est la même chose depuis 2005 », référence directe au drame de Zyed et Bouna. Une déclaration qui confirme l’image d’un Ninho en « force tranquille », capable de marquer sans hausser la voix. Avec « 5 Bleus », il signe un retour percutant, ancré dans la rue mais porté par une écriture affinée.
Ninho doit aligner 5 Bleus !
Derrière la production, on retrouve Jerzey et Camaya. Ce dernier n’est pas un inconnu : on lui doit déjà « Le poète noir » de Kery James, « Sur la selle » de Jul, ou encore « Pansement » de Bouss. Avec « 5 Bleus », il livre une instrumentale sombre mais élégamment mélodique, idéale pour permettre à Ninho de renouer avec ce style incisif qui l’a propulsé depuis ses premières M.I.L.S.
Le texte, empreint d’amertume, oscille entre confidences et règlements de comptes. Comme beaucoup de ses pairs, le rappeur évoque la jalousie, la haine et la dureté d’un milieu parfois étouffant :
« Les regards qui changent au premier disque d’or mais on savoure (on savoure)
J’ai jamais fait l’avare, il voulait plus, il m’a pris pour une banque
Il m’a pris pour une banque, l’enculé, qu’il nique sa tata
Bâtons dans les jantes, ils nous mettent
C’est l’œil qu’ils nous jettent mais c’est le seigneur qui nous garde »
Auréolé d’or et de platine, Ninho aborde sa prochaine sortie avec une seule interrogation : pourra-t-il dépasser ses propres records ? Réponse dans les mois à venir, mais une chose est sûre : chaque apparition de l’artiste confirme son statut d’incontournable du rap hexagonal.
