Tuesday, September 30, 2025

Les confessions intimes de Disiz dans “Ton ventre”

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C.E.O HELL SINKY, author, journalist, documentary

C’est une figure incontournable du rap français qui signe son grand retour. L’histoire de Disiz (La Peste) débute avec un storytelling marquant dans “J’pète les plombs”, inspiré du film culte “Falling Down” avec Michael Douglas, sorti à la même époque. Véritable caméléon musical, l’artiste aime endosser des rôles dans ses morceaux. Il l’explique dans les colonnes du magazine Grabuge : « David Bowie ou Lady Gaga, ce sont des rôles à temps plein. Moi, je joue occasionnellement des personnages ici et là. Par exemple, J’pète les plombs, c’est un personnage qui parle, et je grossis le trait. »

Rappeur en constante évolution, Disiz enchaîne les projets ambitieux. Après sa trilogie introspective — Lucide, Extra-Lucide, Trans-Lucide — il publie Pacifique, un album plus contemplatif, jugé trop apaisé par certains fans attachés à son énergie rap. Il revient ensuite avec fracas en mode Disizilla, prouvant une fois de plus sa capacité à se réinventer. Aujourd’hui encore, il fait partie des rares artistes à défendre des projets construits autour de concepts forts, avec une exigence de cohérence digne de l’ancienne école. Son précédent opus, L’Amour, a d’ailleurs été certifié disque d’or — un titre qui lui va à merveille.

Le nouveau single de Disiz, “Ton ventre”, s’inscrit dans cette lignée d’introspection. Il y rend hommage à sa mère, mais aussi à l’amour au sens large, dans un registre quasi œdipien. L’hommage maternel est un exercice incontournable dans le rap, auquel de nombreux artistes se sont prêtés : de 2Pac avec son emblématique Dear Mama, dédié à sa mère militante des Black Panthers, à Pit Baccardi avec Loin de toi, ou encore SCH qui a choisi de saluer la mémoire de son père dans Otto. Malgré ces variations, la figure maternelle demeure une icône sacrée dans l’univers du rap. Même le D.U.C lui a rendu hommage dans Pitbull.

Les confessions intimes de Disiz dans “Ton ventre”

La production instrumentale du morceau est signée par un trio talentueux : Prince Lao, Emmanuel Camy et Théo Philippe. Prince Lao avait déjà collaboré avec Disiz sur L’Amour, tandis qu’Emmanuel Camy est également à l’origine du morceau Quarante-cinq. Ce dernier a aussi produit pour des artistes comme La Fève et Béesau, notamment sur le titre Adieu. La composition est volontairement aérée et planante, offrant une ambiance onirique qui accompagne la narration sensible du rappeur, entre souvenirs, fantasmes et réalité. Une fusion subtile entre amour maternel et amour charnel.

Les vers de Disiz s’éloignent ici des punchlines acérées auxquelles il nous a habitués. Il explore une veine plus douce, introspective, presque pop alternative. Il écrit :

Un homme en secret pleure sa mère
Fruit d’une histoire douce-amère
Sur un quai de RER
D’l’affection, un peu de beuh
On se console comme on peut
J’crois qu’j’vais m’calfeutrer un peu là

Le clip commence par une scène marquante où l’artiste “naît” littéralement d’une bouche d’égout, clin d’œil appuyé à une punchline culte d’Oxmo Puccino dans Le passé reste, issu de l’album légendaire L’Palais de Justice de Freeman :

Uh, uh, uh, uh, uh, j’suis tellement de la rue, p’t’être
J’crois que j’ai accouché par une bouche d’égout

Le clip évolue ensuite dans un univers visuel onirique, où se succèdent des images de submersion, de mer, de mère et de femme. Disiz y dévoile un pan profond de son imaginaire, dans une mise en scène surréaliste, sensible et poétique. Le visuel est réalisé par Luana Bajrami et Sandor Funtek. Lauréate récente du Festival de Clermont-Ferrand, Luana Bajrami faisait également partie de l’équipe du film Two People Exchanging Saliva.

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