I. L’étincelle : « Job », le retour de Gazo à la drill et la mise au point immédiate de La F
Début septembre, Gazo retrouve ses fondamentaux avec « Job », un single épuré, sec, où la rythmique martèle et le flow tranche. Au cœur du morceau, une ligne suffit à déclencher l’incendie médiatique :
« Pourquoi tu cours comme La F ? »
Ce one-liner n’est pas une disstrack : c’est une punchline glissée dans un titre de comeback, pensée pour piquer et faire réagir. Mission accomplie : l’extrait tourne en boucle, se découpe en reels et mèmes, sature les fils X/Instagram et installe La F comme cible désignée.
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La réaction du rappeur lyonnais ne se fait pas attendre. En story, La F refuse le récit qui s’emballe, dément l’idée qu’il aurait « couru » et annonce qu’il répondra en musique :
« Quand est-ce que Gazo a fait courir La F ? C’est jamais arrivé. Jamais couru pour personne… Je sors un nouveau son à minuit, partagez ça les médias. »
Le message est double. D’abord recadrer les faits (pas de fuite, pas d’humiliation) et demander des preuves ; ensuite recentrer le débat sur la musique. Plutôt que d’alimenter un feuilleton stérile, La F promet une réponse artistique — et fixe déjà le tempo d’un clash qui se jouera en studio et à l’écran, pas seulement sur les réseaux.
II. La riposte : « Boogeyman », une vraie disstrack à l’ADN UK, et un cadrage du terrain
La promesse est tenue quelques jours plus tard. La F sort « Boogeyman », véritable disstrack (là où « Job » n’avait qu’une pique). Le parti pris est net : sonorités UK drill, références britanniques, punchlines d’attaque et exigence de preuves. La production est signée par deux beatmakers londoniens, Omen2K et ProdbyLJS ; une manière de s’aligner musicalement « de l’autre côté de la Manche », jusque dans l’esthétique rythmique et la texture des 808. La F va plus loin : il cite Headie One, figure de proue de la drill londonienne, comme un étendard de cet enracinement UK.
Sur le fond, la disstrack démontre la narration lancée par Gazo :
« Ils osent dire qu’ils m’ont fait courir alors qu’y a v’là les vidéos à l’appui »
« Montre une vidéo où tu m’fais courir, elle existe pas, soyez pas matrixés »
« Si elle existait, elle serait déjà en TT / Si elle existait, tu m’aurais déjà humilié »
La mécanique est claire : rétablir les faits, réclamer du concret et retourner l’accusation. Dans « Boogeyman », La F aborde aussi Lyon et Paris pour désamorcer toute lecture territoriale : il refuse d’en faire un derby Lyon / Paris, et ramène le clash sur le terrain artistique — celui de la plume, du flow, de l’angle et de la cohérence musicale. Cette ligne est renforcée par le clip en plan-séquence réalisé par Faiz Manty : une caméra au plus près, la rue comme décor, un dispositif brut qui sert la crédibilité et l’urgence du propos.
Dernier élément qui densifie la séquence : Ziak laisse entendre qu’il va s’immiscer dans l’affrontement, possiblement aux côtés de Gazo. Rien d’officiel sur bande au moment d’écrire ces lignes, mais le simple signal rebat les cartes : si l’opposition devient à géométrie variable, chaque camp devra hausser le niveau — textes plus acérés, productions plus marquées, réponses plus rapides.