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Algérie : Le miroir de la fracture française …

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ZEZ
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C.E.O HELL SINKY, author, journalist, documentary

Hier vers 22 H 30, la France était dans les rues. Mieux qu’une victoire française à la Coupe du monde, il y a la victoire de l’équipe Algérienne à la Can 2019. Les nombreuses personnes, qui comme moi, se sont laissés prendre par la liesse populaire, savent que l’ambiance était bon enfant. Autour des grandes places populaires, les drapeaux au croissant rouge flirtaient avec les klaxons et la bonne humeur. Et pourtant ce match algérien a fait couler beaucoup d’encre et aujourd’hui encore, il fait débat dans une France qui définitivement n’arrive pas se regarder en face.

Déjà la victoire algérienne en demi finale, et les festivités qui avaient suivi sur les Champs Elysées avait laissé place à un véritable déboulé de cons sur les chaines d’info continue. L’affaire de Rugy a un moment effacé les doutes du “con” moyen persuadé que l’Algérien et son drapeau étaient sur le point de remplacer sa bonne vieille marseillaise. On ne touche pas au symbole ? En réalité, sur certains médias presses, radios, TV, la victoire des Fennek s’est résumé à quelques cas de casse sur les grandes avenues. L’Etat français a même refusé de mettre en place une FriendZone pour que les Algériens puissent par exemple suivre le match sur l’Hotel de Ville ou ailleurs. Ces doutes, ces peurs, ce “mépris” pour la culture algérienne étaient tout simplement symptomatique de “l’amnésie française”.

Hier alors que je rentrais chez moi après une soirée, et surtout après avoir rencontré quelques algériens très joyeux , qui ne cassaient pas grand chose, à part les stéréotypes, je me suis posé devant Cnews. Surprenant, la deuxième chaîne d’information a fêté la victoire en invitant quelques invités “corrects” à table. J’ai cherché le facho de l’assemblée pendant plusieurs minutes mais en vain. Le plateau était propre. L’un des intervenants, écharpe algérienne au cou, a fait remarquer que “même s’il était français et fier de l’être, il ne faut pas oublier que l’Algérie était la terre de ses ancêtres, et une partie de sa culture”. Brandir le drapeau algérien ne veut pas dire brûler le drapeau français.

C’est bien ça le problème …. Depuis plus d’un siècle, et la séparation des Eglises et de l’Etat, la France n’est plus un Etat catholique. Plus important encore, il existe deux conceptions de la nation, la conception objective et la conception subjective. Cette opposition se résume en deux questions : sommes nous français parce que nous descendons d’une race française ? (notion objective) ou sommes nous français parce que nos expériences et nos valeurs nous rassemblent ? (notion subjective). C’est bien l’histoire qui nous uni qui fait de nous la France. La France et l’Algérie sont liés dans le sang. Le Pays colon est devenu plus tard le pays d’adoption d’une immigration algérienne qui a participé à la reconstruction du pays au moment où la main d’oeuvre des pères étaient bon marché. Le drapeau algérien a sa place en France, comme le drapeau de la France a longtemps jonché le sol Algérien. Ce n’est ni affront, ni une rébellion, de fêter la victoire de son pays d’origine pour la CAN 2019. Ces drapeaux algériens, sénégalais, ces peuples qui se sont réunis sous le drapeau français dans la joie et bien plus souvent dans la douleur, ces cultures qui s’entrechoquent au sein de notre République, c’est peut être ça la véritable France.

Et ce ne sont ni les casseurs des Champs Elysées en vert, en noir, ou en gilet jaunes, ni les chroniqueurs zélés qui ont fait de la division un fond de commerce très efficace, qui me feront oublier qu’en France justement, la liberté s’affranchit des couleurs, des races, des croyances, et des opinions. Je ne suis pas Algérien, mais je suis français.

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