En 1998, Pit Baccardi fait une entrée fracassante dans le rap français aux côtés du groupe ATK, en signant le percutant opus Heptagone. Plus de deux décennies plus tard, Heptagone reste un pilier du genre, un classique intemporel. Dans des morceaux comme 20 ans, le groupe dépeint avec lucidité les désillusions de la rue :
« 20 ans, un jour de plus par rapport à hier mais un pas de géant, le passage d’une barrière.
Sur un gâteau de 20 bougies je pense Carpe Diem,
la peur peut-être de ne pas souffler la vingt et unième. »
Peu après, l’artiste rejoint le mythique collectif Time Bomb, côtoyant des figures comme Booba, et s’impose comme l’un des visages de ce que beaucoup considèrent comme l’âge d’or du rap français. Lors d’un passage sur Fun Radio, il confie :
« J’ai commencé avec un groupe qui s’appelle ATK. Ensuite, j’ai rencontré le collectif Time Bomb, avec Oxmo Puccino, Lunatic, Booba et Ali, X-Men… Et ensuite, ça s’est enchaîné, de fil en aiguille. »
Depuis 2019, le rap — ou plus largement la musique urbaine — s’impose comme le genre le plus écouté en France. À l’époque, le rap des années 90, bien moins bankable, se distinguait par une exigence textuelle aiguë. Les lyricistes de cette génération maniaient la plume comme une arme. Ce souci du fond distinguait nettement les artistes français des Américains, souvent davantage centrés sur le flow. Aujourd’hui, les frontières stylistiques s’estompent : les scènes française, européenne et américaine convergent sous des influences communes, comme la drill ou encore Jul, dont l’esthétique a essaimé dans toute l’Europe.
Pit Baccardi, dans son album éponyme Pit Baccardi, se fait particulièrement remarquer avec le titre Si loin de toi, un hommage bouleversant à sa mère. Dans la culture rap — française comme américaine — la figure maternelle est souvent sacrée. Difficile de ne pas penser à Dear Mama de Tupac. À propos de ce morceau, il confie à Fun Radio :
« Des gens qui ont perdu une mère, un père, un parent, même un frère, une sœur…
Et il y a ceux qui vivent avec la peur que ce moment arrive.
J’ai été un peu plus sincère, et je pense que c’est cette sincérité qui, après toutes ces années, continue d’interpeller les gens. »
À l’approche de son concert événement à l’Olympia, l’artiste dévoile un nouveau single en collaboration avec son frère Dosseh. Ensemble, ils signent Feu, un titre brûlant accompagné d’un clip saisissant fraîchement mis en ligne.
Pit Baccardi est en Feu !
La production du morceau est signée Dennis Stani Lukowski & Wylo. Connu sous le nom de DLS, Dennis Stani Lukowski est un beatmaker allemand qui a collaboré avec le rappeur Luciano — notamment sur le featuring avec Niska pour Blue Porsche. Il a également produit Another Vibe avec Omah Lay, et Night Watch. De son côté, le beatmaker suisse Wylo a travaillé avec des poids lourds tels que Pop Smoke et Quavo.
Loin d’un morceau old school, Feu est résolument ancré dans l’air du temps. Sur une structure freestyle, Pit Baccardi livre un couplet dense et incisif, sans aucun refrain. Fidèle à sa réputation de technicien des mots, il défraie la chronique :
Autodidacte, pas héritier
Trou de balle intact, tu peux vérifier
J’ai fait Time Bomb, j’ai fait PC
Je fais des selfies avec les VTC
La vie c’est qu’un tour, qu’un seul essai
Je viens de casser la porte, pas la graisser
Le clip, tourné dans un manoir, est signé Hypnoz, déjà à l’origine du visuel du précédent titre en collaboration avec Dosseh, son frère. Hypnoz est également un collaborateur régulier de Maes.
