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C’est un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. La Loco ? C’est la Machine du Moulin Rouge avant que tu naisses, et accessoirement la teboi que tu fais avant d’avoir 18 ans. Bien sûr, si on te demande tu dis surtout pas que t’as 16 ans, et que t’as enfilé la veste de papa pour rentre la dedans habillé comme Henry Leconte dans les 90′ en after d’après compétition.
Dans la matinée je vais récupérer le Saint Graal à la Préfecture de Police de Paris : mon récépissé. Arrivé en France à 4 ans, j’ai jamais trouvé utile de me naturaliser. Eh gros, je suis réfugié politique ! La classe ultime jusqu’à ce que des hordes de réfugiés ne viennent de Syrie, d‘Irak. Enfin de partout où on a foutu le bordel avec nos guerre préventives super efficaces. Aujourd’hui, être réfugié politique c’est synonyme de roms, de collines du crack, et de plein de choses pas très bling-bling….
A l’époque la Préfecture de Police pour les étrangers c’était un peu le Fort Boyard. Pour réussir à obtenir le précieux sésame, tu dois attendre longtemps très longtemps dans des corridors de métèques aussi bruns que toi et de pisse. Et si tu dois sortir, tu sors vite ! Pour éviter de te faire enfermer au Fort par des passes partout bleutés souvent un peu borderline sur les droits des étrangers. Pour ma part, j’étais là depuis trop longtemps pour me faire éjecter. Donc c’était une question de patience. J’obtiens le sésame. Je bouge.
Le soir même, je me rend chez M. L’autochtone du 11 ème a fait ça dans les règles. Il a invité 11 mecs, et 3 meufs. Devant cette effusion de testostérone et de weed, les femmes ne sentent pas à leur aise. Surtout que dans l’assemblée 9 gars sur 11 sont trop timides pour leur adresser la parole. Alors elles se mettent d’accord pour trouver une issue. Elles me convient moi et M. et nous disent que la soirée s’arrête là pour elles. C’est donc un véritable défi qui s’annonce. Entrer à 11 Mecs à la Loco, pas trop bien sapés, en puant l’alcool et surtout avec 60 % du crew qui a moins de 18 ans.
A ce moment précis, tandis que l’alcool coule à flot. M. a la même idée de génie qu’il d’habitude : “on acoste des meufs et on leur demande de rentrer avec nous“. Personne ni même nous à l’époque ne s’est posée deux questions essentielles. La première : “Pourquoi des “meufs” changeraient surbitement de plans de soirées pour accompagner “11 Mecs” en soirée” ? Deuxième question et pas des moindres : “Même si ces “meufs” ont l’intention d’aller au même endroit, pourquoi elle s’afficherait avec “11 Mecs” en horde de barbare ?“. On préfère fantasmer et préparer la soirée dans nos cranes..
Là tu peux retrouver les sourires de début de soirée. Tu sais rien n’est encore compromis, tu penses que cette soirée va être grandiose. T’es encore naïf t’as 18 ans, dans ton crane dégarni, la révolution est pour bientôt et Jospin qui sera élu président en 2002 va légaliser le cannabis avant d’interdire le travail lui qui avait déjà fait les 35 heures. Pour ceux qui connaissent l’histoire, tout ne s’est pas passé comme prévu.
Métro direction Porte de Clichy. Aujourd’hui quand je tape dans le métropolitain je pousse souvent un soupire d’exaspération lorsqu’une horde de jeunes alcoolisés rentrent dans le Wagon. Ben ce jour là, c’était nous cette bande de jeunes alcoolisées. On était bruyant, P.A a même fumé un joint dans le métro. C’est le sommet de la rébellion du jeune bourgeois, on appelle ça : “The Rebel Of The Bus“. Cette histoire remonte au premier jour de lycée. On faisait les présentation et on racontait nos histoires. Et R. pas connu pour être téméraire a sorti cette histoire fabuleuse : “Moi je prends le bus, je m’en bats les couilles, je montre même pas ma carte Imagine-R“. Pauvre garçon, on l’a appelé “The Rebel Of The Bus” pendant 3 ans….
On arrive. C’est souvent M. qui tente les approches. Comme moi, avec ma tête de Bambi, M. a l’air plutôt sympa. Il se prend 3 ou 4 râteaux d’affilée et mêmes assez sévères. Concrètement on ne lui répond même pas et on passe pour 11 mecs chelou. Alors F a une idée de génie, on fait des groupes !
On entre dans la queue. Arrivé devant le videur, le premier groupe passe difficilement. Nous 4 mecs on arrive après. Pendant que le videur nous examine, une “caillera” complètement “cocé” de Porte de Clichy me demande une cigarette. Les temps sont durs, la soirée est longue, je l’envoie chier. Et là il me sort une sentence que j’ai du mal à comprendre : “Frérot fais attention moi je suis gentil mais Abdulaï c’est quelqu’un de très méchant. Fais gaffe frérot… Et il se barre“. Je me prends à imaginer que Abdulaï est le saint patron des caillera. Et j’oublie. On arrive devant le videur.
Le mec me regarde de la tête au pieds… Et il pense que je suis le maillon faible. Il me demande ma carte d’identité. Là je sors mon récépissé. Les deux gars, ils éclatent de rire et me font : “T’inquiètes on est tous passé par là“. Ils me font rentrer en mode “Pity entrance“.
Dans le vestibules de la Loco, on fait une grossière erreur. Personne n’a assez de tunes alors les groupes se parlent entre eux. Le physio débarque. Je me rappellerais toujours de cette phrase : “Putain mais ils sont combien ?“. Il nous renvoie devant le videur.