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Spike Lee I BlacKkKlansman : L’humour pourfend l’intolérance !

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C.E.O HELL SINKY, author, journalist, documentary

Spike Lee est un réalisateur américain auquel on doit notamment la fresque historique “Malcolm X”. Dans ce premier film “très engagé”, le metteur en scène dépeint avec beaucoup de perspicacité les grandes étapes de la vie de ce leader afro-américain assassiné comme beaucoup d’autres au point d’orgue de sa carrière. Le film présente aussi Denzel Washington, cet immense acteur américain qui a permis aux spectateurs US de découvrir une partie occultée de l’histoire de leurs pays. Un devoir de mémoire important à l’heure où Donald Trump et ses envolées lyriques et mensongères nous ramènes aux heures sombres et perdues décrites par Orwell dans “1984” (qui depuis l’élection de Trump, et ses “Fake News” est un nouveau succès en librairie). En revanche, le ton du film était résolument dramatique.

Avec son dernier film sorti en salle il y a peu de temps “BlacKkansman”l’émancipation afro-américaine, les droits civiques, sont toujours le sujet (Spike Lee ne fait pas que ça par ailleurs) en revanche les personnages décrits dans le film et le ton du long métrage sont résolument plus adaptés à l’époque. Pour commencer, comme son ancêtre Malcolm X, le dernier film du géant du cinéma new-yorkais est un biopic ou plutôt une fresque historique. Cette fois ci, Mister Lee a décidé de mettre en scène l’histoire de Ron Stallworth. Ce personnage exubérant dans la vie comme dans la réalité est l’un des premiers policiers “noirs” du Colorado qui décide d’infiltrer le gang très fermé du KKK. Ce groupe de suprématiste blanc qui par ailleurs a assassiné le père pasteur de Malcolm X ont déversé leur haine et leurs crimes sur une Amérique qui (finalement) ne s’est jamais remise de l’égalité de traitement entre Afro-Américain et Américain. C’est à la fin des années 70 (!), raillé par ses collègues le flic “Afro Américain” du Colorado se lance dans un périple pour épingler le plus gros symbole du suprématisme blanc. Le scénario a été coécrit par Spike Lee et le principal intéressé Ron Stallworth qui a sorti un ouvrage “Black Klansman” sur sa quête en 2006. 

Grosse différence avec Malcolm X, si le premier biopic du réalisateur concerne un personnage présenté avec ses qualités et ses défauts et surtout son évolution comme un homme “irréprochable”, la position de Ron Stallworth entre une femme Black Panthers et un poste de flic dans le renseignement, une place intenable, illustre les démons qui sommeillent et qui se chamaillent en lui en permanence. Au delà de son combat contre le suprématisme blanc, Ron Stallworth n’est pas parfait, il est en combat contre lui même comme une partie de la communauté afro américaine moins radicalisée que les black panthers qui n’a jamais su se placer dans la lutte. Puis, au delà du personnage central du film, ce côté iconoclaste, le réalisateur opère également de la même manière avec les membres du KKK. Vous vous attendiez à des idéologues bien dans leurs baskets. Non les nazillons sont présentés comme une bande de loosers abrutis et c’est peut être ce qu’ils sont dans la réalité. Car avec cette satyre présentée avec beaucoup moins de faste et de solennité qu’un Malcolm X, le metteur en scène ridiculise le racisme pour le dénoncer en s’attaquant non seulement à son absence de fondement idéologique mais également en montrant que ses principaux porte voix se sont  “réfugiés dans la haine”. Leur haine est personnelle, elle n’a rien d’idéologique. Le KKK apparaît alors comme une véritable conjuration des imbéciles. 

Le film commence sur le discours d’un grand leader afro-américain et black panthers que Roy doit infiltrer. C’est un moment extraordinaire du long métrage où le flic dont Roy censé infiltré les panthers est lui même convaincu par le discours du leader black. Et ce discours est extraordinaire non pas dans sa version la plus radicale (rhétorique que l’on connaît). Mais elle met l’accent sur “la beauté” que l’on peut trouver ailleurs que dans le cliché “blonde à forte poitrine”. A l’heure où les réseaux sociaux font rage, Spike Lee a raison de mettre l’accent sur ce point. Il n’y pas de beauté qu’en occident.

La distribution est de qualité. Entre Adam Driver qui joue le co-équipier de Roy et que l’on a déjà vu dans “Star Wars” (version Disney) dans le rôle de Kylo Ren, ou le passage de témoin magnifique entre Denzel Washington et John Washington Driver qui dans les moments de mélancolie comme dans l’humour tient la crédibilité de son personnage de Roy. Spéciale mention à Laura Harrier dont la personnalité fulgurante transperce l’écran…

Pour finir, et pour tenir la comparaison avec le Malcolm X avec Denzel Washington, il faut savoir que l’humour et l’absence de solennité qui différencient les deux films n’empêche pas moins Spike Lee d’utiliser une technique similaire dans leur assemblement. Entre images de documentaires, histoire vraie, et scènes jouées ou imaginées, Spike Lee déroule son biopic comme un maître à penser. Et s’il est vrai que “BlacKkKlansman” est moins esthétique moins beau qu’un “Malcolm X”, il souffre d’une actualité brûlante. A la fin du film, le réalisateur fait un point sur les événements à Charlottes Ville qui ont vu des suprématistes blancs et des étudiants s’affronter violemment au début de la présidence Trump. La lutte pour les droits civiques ou plutôt pour l’égalité réelle de traitement n’est pas terminée.

Désespérant mais le film Malcolm X finit sur une touche d’espoir énumérée par Nelson Mandela en personne, alors que le dernier film de Spike Lee finit sur un drapeau américain à l’envers, appel au soulèvement.

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