Lola Burbail fait son retour au Nikon Festival avec Jules Perm pour un documentaire au format revisité sur les feux en Australie, qui a émergé spontanément. Jules Perm commence sa carrière artistique dans la musique. Il a ensuite décroché le rôle d’assistant de post-production sur le film-documentaire “Ripostes féministes”, qui revient sur cette vague qui s’active sur les murs de toute la France depuis quelques années. Puis, l’artiste a également évolué dans le giron de Raymond Depardon, mastodonte du documentaire, et ses nombreuses fresques silencieuses et réelles. Dans un monde médiatique dominé par le sensationnalisme, Raymond Depardon, père spirituel de Jules Perm, passe pour un artiste iconoclaste qui laisse parler les gens au lieu de leur imposer un discours tout “préparé”.
Lola Burbail et Jules Perm sont partis en Australie. Le storytelling du documentaire commence là. Ils se sont installés dans un jardin qui s’est révélé être un jardin privé. Puis, de fil en aiguille, ils ont rencontré les habitants. Tous deux cinéastes, ils avaient leur caméra en main. Alors, au fil des conversations, ils en sont venus à évoquer le sujet des feux en Australie. Avec le réchauffement climatique, les feux de forêt ont rythmé l’été cette année, notamment avec cet apocalypse des flammes qu’a connu la Grèce. En Australie, le sujet des feux de forêt n’est pas nouveau.
Dans ce documentaire qui ne perd pas le spectateur, les conversations s’enchaînent sans laisser un moment de répit aux spectateurs. Des conversations ? Disons surtout des réactions car, comme Raymond Depardon, les deux artistes évitent d’entrer en collusion avec le témoignage des autochtones. Ils tentent de s’arrêter à leur rôle de relais, et ne pas devenir le commandeur d’une réalité qu’ils ne maîtrisent pas par leurs expériences.
Si l’influence de Raymond Depardon sur Lola Burbail et Jules Perm est indéniable, c’est dans le format du documentaire que l’influence de la jeune actrice réalisatrice se fait sentir. En effet, Lola Burbail a énormément travaillé sur les réseaux et notamment sur YouTube. Elle connaît la force des formats courts. Car aujourd’hui, si le format série a beaucoup plus de succès que les longs métrages, ce n’est pas seulement à cause du mode de diffusion TV. Avec le flux d’informations continues à la TV et sur Internet, les jeunes générations privilégient les formats courts.
Alors, comment résumer quatre heures de rush en deux minutes ? C’est là la difficulté du montage. Car ce shoot de témoignage sur un sujet aussi grave que les feux de forêts, bien que très bref, laisse aussi un sentiment, une trace. C’est là que se tient la force de l’art, dans le pouvoir de communiquer un message ou des émotions. Et c’est dans ces deux minutes de témoignages entrecoupées seulement par la beauté de la nature australienne et par la force destructrice du feu que l’on retrouve une version de l’Australie loin de la caricature Wallaby et Kangourou. Un concentré d’originalité !