Tuesday, September 30, 2025

From Highest 2 Lowest : un “Spike Lee de studio” étrillé par la critique !

Must read

ZEZ
ZEZ
C.E.O HELL SINKY, author, journalist, documentary

Le réalisateur de Malcolm X avec Denzel Washington et de BlacKkKlansman est devenu au fil du temps l’un des grands peintres de la condition afro-américaine aux États-Unis. Pour son dernier projet, il signe un partenariat avec Apple TV+ et réalise une “fable” moderne autour d’un magnat de l’industrie musicale dans un New York qui devient presque un personnage à part entière. Présenté hors compétition à Cannes 2025, le film a reçu un accueil contrasté de la part des critiques, certains saluant l’ambition, d’autres le jugeant lourd et trop “mainstream”. S’il montre incontestablement que Spike Lee a vieilli et n’est plus l’“avant-gardiste” qu’il fut, Highest 2 Lowest apparaît aussi comme son premier vrai “film de studio”, produit avec des moyens bien supérieurs à ses précédents projets, et une “fable” éloignée de ses fresques historiques ou de ses brûlots engagés.

Akira Kurosawa, grand maître du cinéma japonais, a déjà inspiré de nombreux remakes américains. Après son chef-d’œuvre Les Sept Samouraïs, devenu Les Sept mercenaires avec Yul Brynner, Spike Lee revisite avec Highest 2 Lowest le classique High and Low (Entre le paradis et l’enfer), qu’il décrit lui-même comme une “réinterprétation”.

Le récit met en scène un magnat de l’industrie musicale dont l’enfant du chauffeur est enlevé par erreur à la place de son propre fils. Les ravisseurs exigent une rançon. Confronté à un dilemme moral – préserver son empire ou sauver l’enfant de son ami – le héros finit par s’interroger sur lui-même. Cette intrigue, qui oscille entre drame social et fable morale, frôle parfois la caricature.

Dès les premières minutes, avec une vue aérienne de New York, le ton est donné. Spike Lee retrouve son acteur fétiche Denzel Washington pour leur cinquième collaboration et compose une fable autour d’un Afro-Américain qui a tout réussi. Certaines scènes paraissent alourdies par un côté “magistral” un peu trop imposé, mais le film assume son ambition : Highest 2 Lowest n’est pas un documentaire à la David Simon, ni un brûlot à la Malcolm X, mais une fable contemporaine où les personnages tendent parfois à la caricature.

Avec BlacKkKlansman, Spike Lee avait déjà expérimenté un humour plus second degré. Ici, dans cette superproduction, certains spectateurs estiment qu’il pousse le curseur trop loin. Les séquences où il apparaît dans son salon, apostrophant les grandes figures de la culture afro-américaine à travers leurs portraits pour l’aider à prendre sa décision quant au paiement de la rançon, flirtent avec la caricature. Mais c’est peut-être justement ce que les critiques n’ont pas saisi : Highest 2 Lowest est son film “mainstream”, sa vitrine grand public.

Le film a bénéficié d’un financement bien supérieur à la moyenne des projets de Spike Lee. Si des rumeurs évoquent un budget proche de 60 millions de dollars, aucune donnée officielle n’a été confirmée. La présence d’A$AP Rocky au casting, accompagnée du single Trunk, ajoute à l’événement, surtout après une période de faible productivité musicale pour le rappeur.

Spike Lee semble avoir eu moins de liberté que sur ses œuvres précédentes. Highest 2 Lowest est incontestablement son film le plus “mainstream”, présenté comme une fable spectaculaire dont le véritable parti pris est de raconter l’histoire d’un héros afro-américain riche dans l’Amérique fracturée de l’ère Trump. Ironie du sort : contrairement à son personnage central, qui abandonne son empire pour monter un petit label, Spike Lee a fait le choix inverse. Alors qu’il sortait davantage de films indépendants ces dernières années, son partenariat avec Apple TV+ l’a conduit, lui, “from Lowest to Highest”.

- Advertisement -spot_img

More articles

- Advertisement -spot_img

Latest article

You cannot copy content of this page

Secret Link