La Suède, influencée par la philosophie des Lumières et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, consacre la liberté d’expression dans sa constitution, notamment à travers la Loi sur la liberté de la presse (Tryckfrihetsförordningen) de 1949 et la Loi fondamentale sur la liberté d’expression. Cependant, cette liberté n’est pas absolue et connaît des limites légales, notamment en cas de propos discriminatoires ou diffamatoires envers un groupe ethnique.
En 2022, Rasmus Paludan, un homme politique d’extrême droite, a réalisé un autodafé du Coran en Suède. L’année suivante, en 2023, Salwan Momika, un réfugié irakien chrétien, a reproduit cet acte. Contrairement aux caricatures danoises et françaises, ces autodafés du Coran sont perçus comme des provocations directes sans visée symbolique.
Le Piège des “Autodafées” pour la Suède !
Les autorités suédoises se sont retrouvées dans une position délicate. Condamner ces actes pour “incitation à la haine envers un groupe ethnique” aurait pu être interprété comme une atteinte à la liberté d’expression, un principe fondamental de la démocratie suédoise. Toutefois, les auteurs ont également été poursuivis pour leurs propos haineux tenus à proximité de mosquées.
Les autodafés du Coran en Suède ont eu des répercussions profondes sur plusieurs fronts. Sur le plan diplomatique, ces actes ont provoqué une vive indignation dans de nombreux pays musulmans, entraînant des tensions accrues avec des États comme la Turquie, qui a retardé l’adhésion de la Suède à l’OTAN en exigeant des mesures contre de tels incidents. L’hostilité s’est également traduite par des actions violentes, comme l’incendie de l’ambassade suédoise à Bagdad en juillet 2023.
Sur le plan sécuritaire, les autorités ont relevé le niveau d’alerte terroriste face à la menace de représailles de groupes extrémistes, craignant des attaques sur le territoire national. À l’échelle interne, ces événements ont exacerbé les tensions communautaires et renforcé les discours politiques polarisés, entraînant une recrudescence d’actes antimusulmans, comme la profanation de mosquées. Enfin, ces événements ont relancé le débat sur les limites de la liberté d’expression en Suède. Certains plaident pour une réglementation plus stricte afin d’empêcher de telles provocations, tandis que d’autres insistent sur la nécessité de protéger la liberté d’expression comme un principe fondamental de la démocratie suédoise.
Le cas précurseur “nordique” : le cas des caricatures de Mahomet au Danemark !
L’affaire des caricatures de Mahomet au Danemark en 2005 trouve son origine dans une problématique de liberté d’expression et d’autocensure face aux pressions religieuses. Tout commence lorsque l’écrivain Kåre Bluitgen, préparant un livre pour enfants sur la vie du prophète Mahomet, révèle avoir rencontré des difficultés à trouver un illustrateur, plusieurs artistes craignant des représailles. Face à cette situation, le journal Jyllands-Posten, soucieux d’explorer la question de l’autocensure en Europe, commande une série de 12 caricatures de Mahomet à différents dessinateurs, publiées le 30 septembre 2005.
L’objectif initial du journal était de tester les limites de la liberté d’expression et de provoquer un débat sur le droit de représenter des figures religieuses dans une société démocratique. Cette démarche s’inscrit dans une longue tradition danoise de satire, où les figures politiques et religieuses ont souvent été sujettes à la caricature, sans distinction particulière pour l’islam. Toutefois, dans le contexte de l’époque, ces dessins ont été perçus comme une provocation et une insulte dans de nombreux pays musulmans, où la représentation du prophète Mahomet est interdite dans l’islam sunnite.
L’Assassinat de Salwan Momika : Un Meurtre aux Enjeux Diplomatiques et Sécuritaires
Le 29 janvier 2025, Salwan Momika, un réfugié irakien de 38 ans résidant en Suède, a été abattu par balles à son domicile de Södertälje, près de Stockholm, alors qu’il diffusait en direct sur TikTok. Connu pour avoir organisé en 2023 plusieurs manifestations au cours desquelles il a brûlé et profané le Coran, ses actions avaient suscité une attention mondiale et provoqué une vive indignation dans de nombreux pays musulmans. Ces événements avaient également entraîné une élévation du niveau d’alerte terroriste en Suède.
Au moment de sa mort, Momika faisait l’objet de poursuites judiciaires pour “incitation à la haine contre un groupe ethnique ou national” en lien avec ses actions de 2023, et le verdict de son procès était attendu le lendemain de son assassinat. Les autorités suédoises ont arrêté cinq personnes soupçonnées d’être impliquées dans ce meurtre, mais elles ont ensuite été relâchées, les soupçons à leur encontre s’étant affaiblis. L’enquête se poursuit pour déterminer les circonstances exactes de cet homicide.
Le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, a indiqué que les services de renseignement suédois étaient “très impliqués dans cette affaire, car il existe, évidemment, un risque de liens avec des puissances étrangères”. Cette déclaration suggère une possible implication d’acteurs étrangers dans cet assassinat, bien que l’enquête soit toujours en cours pour confirmer ou infirmer cette hypothèse.
La vice-première ministre suédoise, Ebba Busch, a réagi au meurtre de Salwan Momika en déclarant : « Il s’agit d’une menace pour notre démocratie libre. Cela doit être affronté avec toute la force de notre société. »
Cependant, l’enquête visant à élucider l’assassinat de l’influenceur “brûleur de Coran” n’est pas une enquête anti-terroriste. Les autodafés du Coran ont été un acte idiot, pur provocation, et sans aucune visée stratégique sinon la fascination du pire, en revanche personne, même pas un imbécile, ne doit mourir pour ces opinions, surtout pas dans le nouveau cœur de la démocratie européenne.