Dans cet entretien inédit mené par ZEZ XXI, nous avons rencontré Daniel (nom modifié), un prêteur sur gage opérant en marge des circuits bancaires traditionnels. Avec franchise et prudence, il nous dévoile les réalités souvent méconnues de son métier : montants prêtés, garanties exigées, recours en cas de non-paiement, et anecdotes étonnantes sur ses clients. Entre ombres et lumières, Daniel partage les coulisses d’une activité complexe, discrète et parfois risquée.
ZEZ XXI : Daniel, frère, en quoi consiste exactement ton métier ?
Daniel : Mon métier, c’est essentiellement de prêter de l’argent à des gens qui ne peuvent pas obtenir de prêts auprès d’une banque. Ça peut être parce qu’ils n’ont pas de fiche de paie ou parce qu’ils n’ont pas de revenus justifiés permettant de contracter un prêt dans une banque classique.
ZEZ XXI : Et à quelle échelle tu prêtes de l’argent ? Tu peux me donner une idée des montants moyens ou extrêmes ?
Daniel : Parfois, ça peut aller jusqu’à 200 000 euros. C’est variable selon les cas.
ZEZ XXI : Tu sais à quoi sont destinées les sommes que tu prêtes ou ce n’est pas ton problème ?
Daniel : Non, ce n’est pas toujours mon souci. Parfois, je prête en échange d’intérêts, mais il m’arrive aussi de prendre des pourcentages sur le bien qu’ils vont acquérir. Par exemple, récemment, j’ai prêté à des gens qui voulaient investir dans de l’or. Ils ont acheté des lingots et moi j’ai touché 2,5 % sur leur achat.
ZEZ XXI : Qu’est-ce qui pousse les gens à venir vers toi ? Tu interviens après un refus bancaire ou il y a d’autres cas ? Et comment est-ce qu’on te contacte ?
Daniel : Les gens me contactent souvent par recommandation. Généralement, ce sont des personnes qui connaissent déjà quelqu’un ayant contracté un prêt chez moi. Il faut être introduit par quelqu’un de confiance. On ne traite pas avec des nouveaux sans recommandation, c’est un cercle fermé.
ZEZ XXI : C’est pour éviter les non-remboursements, j’imagine. Mais qu’est-ce que tu fais quand quelqu’un ne rembourse pas ? Est-ce que tu as des recours particuliers ?
Daniel : Oui, je prends des garanties. Même si je ne demande pas de justificatifs de revenus comme une banque, je m’assure toujours d’avoir des garanties réelles. Par exemple, ça peut être des dépôts d’or, des clés de voiture, des titres fonciers. Ça dépend des cas, mais je ne prête jamais sans sécurité.
ZEZ XXI : Donc, des garanties sur des biens mobiliers ou immobiliers ?
Daniel : Exactement. Même si la valeur du bien ne couvre pas entièrement le prêt, je demande quand même une garantie réelle.
ZEZ XXI : Quels sont tes moyens pour récupérer l’argent si quelque chose tourne mal ?
Daniel : J’ai une petite équipe qui s’occupe de ça. Les commissions que je prends sont importantes parce que je dois pouvoir payer mon équipe en cas de problème. Avant ça, on travaillait pour des agences immobilières à Paris qui nous engageaient pour déloger des locataires ne payant plus leur loyer, car les procédures judiciaires sont longues.
ZEZ XXI : Je ne savais pas que ce genre de pratiques était si courant. C’est impressionnant.
Daniel : Oui, dans l’immobilier, c’est assez répandu.
ZEZ XXI : Tu travailles seul ? Et combien tu gagnes par mois avec cette activité ?
Daniel : Je travaille seul. L’argent que je gagne vient essentiellement des intérêts. J’ai sorti un capital au début, et maintenant, ce sont les intérêts qui font tourner mon activité. Sur moins d’un mois, je prends 10 % d’intérêts ; au-delà, c’est 20 %.
ZEZ XXI : Donc sur 200 000 euros, tu peux faire entre 20 000 et 40 000 euros d’intérêts ?
Daniel : Voilà, exactement. Ensuite, s’il y a des problèmes, il y a mon équipe à payer, qui intervient uniquement au besoin. Ce sont des prestataires, pas des salariés fixes.
ZEZ XXI : As-tu déjà eu affaire à des gens connus ou médiatisés, sans donner de noms ?
Daniel : Oui, j’ai déjà aidé à financer des projets artistiques. Une fois, j’ai avancé l’argent pour la location d’une salle de concert. Une maison de disques avait été mise en garantie. Si elle ne payait pas, c’était elle qui devait régler la note.
ZEZ XXI : Quels sont les profils que tu refuses systématiquement ?
Daniel : Je ne prête jamais à des gens qui veulent faire des choses illégales. Je sens rapidement quand quelque chose ne va pas, et dans ce cas, je préfère ne pas prendre de risque.
ZEZ XXI : Est-ce que tu dors bien la nuit ? As-tu déjà eu peur pour ta sécurité ou ta liberté ?
Daniel : Non, car ce sont eux qui me doivent, pas l’inverse. Les gens ne vont pas venir me chercher alors qu’ils me doivent de l’argent. Parfois, il y a eu des violences légères, comme des tentatives de récupération de voitures garanties, mais rien de grave.
ZEZ XXI : Tu peux raconter une anecdote marquante ?
Daniel : Une fois, j’ai prêté de l’argent au fils d’un diplomate. Il ne voulait pas payer. J’avais son passeport en garantie, alors j’ai menacé de publier ses informations. Son père a réglé immédiatement. Une autre fois, un mec m’a remboursé en pensant que c’était lui qui devait, alors que c’était pour son ami qui m’avait laissé son nom comme garantie. Il a remboursé sans même le savoir.
ZEZ XXI : Depuis combien de temps fais-tu ce métier et comment ça a commencé ?
Daniel : Ça fait environ 10 ans. Au départ, je travaillais dans l’immobilier. Un locataire m’a demandé de payer son loyer en retard en échange d’intérêts. Ça a démarré comme ça.
ZEZ XXI : Merci Daniel pour ces réponses très instructives.