Sunday, December 22, 2024

Youssoupha I Polaroid Expérience : Le testament du maître !

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C.E.O HELL SINKY, author, journalist, documentary

L’album “PolaroÏd Expérience” sorti ce vendredi vient peut être couronner l’oeuvre du Prim’s Parolier. Depuis ses débuts avec par exemple l’album “Sur les Chemins du retour”, le rappeur a beaucoup évolué. Loin d’être un rappeur hardcore mais toujours virulent quand il s’agit de dépeindre l’injustice avec des rimes, Youssoupha a toujours “dérangé” une certaine société, créant de véritable polémique sans jamais prononcer de “Menace de Mort”. Médine,  son acolyte dans la Ligue l’avait prédit dans le titre “Péplum” : “Plus forte que le plomb sera ma plume”. Et ce n’est pas le procès qu’il récolté pour avoir “mis un billet sur celui qui fera taire ce c*.* d’Eric Zemmour(“A force de le dire”) qui y changera quelque chose. Youssoupha est le meilleur témoin d’un Rap qui s’est métamorphosé, qui est passé de la chose des quartiers, à la chose de tous, à la “Chanson Française”. Avec “Noir Désir” et “Négritude” Youssoupha réalise un rêve, avec “Polaroïd Experience” il dresse son testament.

L’album début sur le titre éponyme qui a eu droit à un clip à couper le souffle. Le ton est donné dès le départ. Bakary Potter n’a plus le temps d’être “Contre nous”, il remercie son public et sa famille en premier avec un phrasé et un final exceptionnel. Au niveau de la production instrumental, influences urbaines et instruments traditionnels africains font bon ménage comme à l’époque  quand un certain Kery James avait inauguré l’ère du Rap conscient en 2001 avec “Et Si C’était à Refaire” et un certain Salif Keita. Le dernier album de Youss est véritablement celui de sa maturité. Avec “Devenir Vieux”, le rappeur revient comme Orelsan dans “La Fête est Finie” sur la fin d’un cycle qui se déploie devant ses yeux. Orel et le fils de Tabu Ley n’ont pas grandi de la même manière, “Le Bilan” après 15 ans de carrière ne sera pas le même. Dans le même titre, le rappeur fait quelques références à ces amis rappeurs.

 

“Moi je suis trop vieux pour faire des clips dans halls d’immeuble”

 

Dans le titre “Avoir de l’Argent”, l’artiste revient sur son rapport avec l’argent. Le rappeur s’est enrichi, mais il promet à son public non pas “qu’il n’a pas changé”, mais que quelque part “l’argent est un bon serviteur mais un mauvais maître” (Tiers Monde), car “ça ne suffit pas à faire un homme avoir de l’argent”. Dans ce titre, le beatmaking reprend quelques arpèges, un sample voix, et un énorme beat qui vient rythmé la voix très grave de Youssoupha.

 

“ça ne suffit pas à faire un homme avoir de l‘argent”

 

Le titre “Mourir Ensemble” vient répondre au titre “Mourir Demain” qu’il a réalisé sur l’album “NGRTD” en hommage à Tabu Ley. C’est un appel à la paix façon Youssoupha : “On peut très bien vivre d’injustice et d’inégalité”. Appelant à une fraternité réelle, tournant l’intolérance en générale au ridicule, il s’agit du titre le plus engagé de l’album. Et qu’on le croit ou pas, il est un peu dans un style AfroPop. Magnifique ! Personne n’est pas épargné dans ce titre. L’album fini “le jour où j’ai arrêté le Rap” mais finit réellement sur une proposition de Médine. Apparemment La Ligue sera le dernier véritable projet du producteur de Bomayé Music.

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