11.3 C
Munich

Booba : Pourquoi le DUC est indémodable ?

Must read

ZEZ
ZEZ
C.E.O HELL SINKY, author, journalist, documentary

Les Origines du DUC

En 2019, le Rap est devenu le genre musical le plus écouté en France. Le Top Artiste est désormais blindé de rappeurs ou de chanteurs liés de près ou de loin à la mouvance urbaine. La carrière de Booba commence plus de 20 ans auparavant au sein du groupe Lunatic. Le groupe composé par B2O et Ali rentre dans la galaxie du 45 scientific que l’on doit à un certains Jean Pierre Sek. Le groupe est basé sur un concept inédit et inégalé dans le Rap français. Le titre “Pas le temps pour les regrets” illustre tout à fait ce principe.

Le titre “Pas le Temps des Regrets” de Lunatic

Car dans ce groupe emblématique de la fin des 90′, les thèmes choisis par les deux artistes sont toujours bicéphales. Et si Ali commence déjà à patauger dans un Rap conscient et moralisateur, Booba pour sa part fruit de la rébellion des quartiers est totalement inconscient, rempli de haine et de rancune. Ce n’étonnera personne qu’au terme de leur évolution, Ali souhaite que “La Paix” soit sur les siens, tandis que B2O prétend au “Trône” du Rap français. Celui qu’on s’amuse à appeler le DUC et son pote Ali sont les deux faces incontournables autour desquelles gravites la mentalité des jeunes des quartiers.

Au terme de sa gestation, Ali sortait “Dialogue” :

Au terme de gestation, Booba dévoilait “Trône” :

L’époque Boom Bap, Booba fait ses premiers pas

Comme la plupart de ses coreligionnaires, B2O se fait au départ le chantre de l’exception culturelle française. Tandis qu’aux USA, le Death Row californien et le Bad Boyz Record de l’Est promettent un Rap avec des mélodies efficaces, et des thèmes tournant souvent autour du Gangsta Rap, le Rap français, conscient ou inconscient, porte toujours un message. Tout d’abord car le Rap en France a toujours été boycotté alors qu’aux USA ils passent partout porté par une communauté hip hop puissante.

Dans ce Rap plus “censé” plus “conscient“, Booba concurrence les fondateurs IAM, NTM avec un phrasé exceptionnel et une insolence qui le place dès le départ comme le Zlatan du Rap français. Dans son premier album solo “Temps Mort”, le “Bitume avec une plume” produit Boom Bap par un Clément Animal Son plus en forme que jamais est un exemple du genre. Il s’agit d’un résumé de 20 ans du Rap français.

Panthéon” et “Ouest Side” suivent tout à fait ce mouvement. Des titres comme “Numéro 10“, et le fantastique “PitBull” sont des modèles de ce que le Rap français a été dans le première moitié de la décennie des années 2000. C’est un Rap à texte, avec des compositions instrumentales qui empreintent à la culture populaire. Pour “Pitbull“, Booba sample le générique de “Mistral Gagnant” de Renaud. Pendant ce temps là, Mary G Blige aux USA sample “Les Feux de l’Amour” pour “No More Drama“.

Le Fondateur : “0.9”, “Future”, “Lunatic” et l’autonune !

Booba sera toujours là pour nous le rappeler comme dans “Trône” : “Ils critiquaient “0.9” mais ont tous saigné l’autotune“. Oui, lorsque le patron du Rap français dévoile son album “0.9” avec les titres “Illégal” et “Salade Tomate Oignon” pour ne cite qu’eux, il y a une véritable levée de bouclier. En 2008, l’autotune n’est pas utilisé par les rappeurs français. Aux Etats Unis, beaucoup d’artiste comme Timbaland ont déjà tendance à l’utiliser. Dans l’hexagone, l’usage du vocoder se heurte aux gardiens du temple du Rap qui à l’époque avait déjà enterré le R’n’B français le trouvant trop peu engagé.

En trois albums, le DUC change la face du Rap français. Il ne s’agit pas seulement de l’usage du vocoder. Avec “0.9“, “Future” et “Lunatic”, le rappeur du 92 réussit à “ouvrir” sa musique. Il est conscient déjà que le Rap n’est plus seulement la chose des quartiers mais la chose de tous. Alors il enclenche des titres avec un format radio quelques fois très lents au niveau bpm. Certains imaginent même qu’il dévoilent déjà les bases de la chanson urbaine dans des titres comme “Paradis” ou “Comme une étoile”. On a tendance à limiter l’apport de Booba pour l’époque à l’utilisation de l’autotune. En réalité, il pose les bases d’un Rap plus populaire qui reste néanmoins Gangsta mais qui est écouté par tous.

L’autre âge d’or du Rap français : “DUC” et “Nero Nemesis”

C’est une autre époque qui commence. Avec “DUC” et “Nero Nemesis“, Booba illustre toute la richesse de musique urbaine. Cette musique urbaine peut être reggaeton avec un sample de Sidiki Diabate comme sur “Validé“, elle peut être tout simplement Club comme sur “All Set“. Sans oublier que le Duc de Boulogne sait “aussi faire de la Trap de de Merde” (“Pinocchio“). La sortie de DUC et Nero Nemesis correspond très certainement à la prise de pouvoir de la musique urbaine dans le Charts. A ce titre ces deux albums sont des “Bible” du Rap contemporain. Booba pose le principe de l’éclectisme et de la polyvalence.

Chose encore plus extraordinaire, le rappeur n’a pas poli son discours. Fidèle à sa rébellion première, il est toujours aussi “impertinent“. N’hésite pas à faire valoir ses convictions avec des posts sur les réseaux sociaux. Oui Booba use d’une main de maître des réseaux sociaux. Mais les clashs ne suffisent pas à expliquer son extraordinaire vélocité dans les Charts. Car le Duc de Boulogne est le meilleur témoin de l’évolution du Rap en France.

Avec “Trône“, il continue le mouvement lancé quelques année auparavant et surtout il finit par officialiser un genre de son : la chanson urbaine. Avec “Petite fille”, il arrive aux termes d’une évolution qui fait rentrer le Rap dans la chanson française. Youssoupha avait raison le Rap c’est la nouvelle “Chanson française“..

- Advertisement -spot_img

More articles

- Advertisement -spot_img

Latest article

You cannot copy content of this page