Un pari qui semble impossible fruit d’un métissage inattendu… C’est bien entre Paris, New York et Téhéran, la capitale iranienne que Tallisker a lâché son morceau somewhere ode à la paix et à la résistance dans un monde qui ne vit que par la division….
En Iran, la musique est illégale. En 1979, lorsque le turban a remplacé la couronne dans une effusion de joie et sang, les autocrates à la pilosité rougissante ont choisi de faire des médias et des arts un moyen de propagande au service de leur cause sacrée et criminelle. La musique de Googoosh, de Sima Bina, et les chansons paillardes sont devenues criminelles comme l’amour et la vie.
C’est dans des studios clandestins, au péril de leur vie que les artistes iraniens font revivre cette folie qu’est la musique. La musique est sans doute un état transitoire entre la bestialité et le vivant meilleure marqueur de la force d’une civilisation. Même nos armées marchent au pas de “la mùsica militar” (Paco Ibanez – La mala reputacion) , même nos nations s’éveillent pour leurs hymnes nationaux, aujourd’hui le rock, la pop, le rap réunissent les peuples sans se soucier des frontières. Pour vivre, mourir, souffrir ou s’amuser, la femme (et l’homme) ont toujours eu besoin d’une bande originale.
Le péril des groupes de musique en Iran a été conté par un réalisateur célèbre, un certain Ghobadi, dans le film “No one Knows about Persian Cats” salué par la critique internationale. Les films iraniens ont autant la côté à l’extérieur qu’ils sont combattus de l’intérieur. Un cri qui vient du régime et qui semble vouloir dire : “Ne leur dîtes pas que vous aimez la musique, dîtes leur que vous préférez pleurer des martyres dont vous ne vous rappelez même plus le nom”. La culture musicale est une bannière, un drapeau même qui sert d’armes de résistance culturelle à l’islam monolithique et méthodique des mollahs. C’est pire qu’un crachat sur le drapeau, c’est de l’urine sur le sacré. Rien de plus sacrée donc !
C’est pour ses raisons que le projet de Tallisker est ambitieux. La jeune productrice n’a aucune visée politique, mais le métissage musical qu’elle promeut vaut bien mieux que n’importe quel discours de réconciliation culturelle.
Tallisker est un projet musical né dans l’imagination de la violoncelliste, chanteuse et productrice de musique électronique Eléonore Mélisande, originaire de la banlieue de Rouen. Beaucoup de cordes à l’arc de cette chanteuse qui refuse de se prostituer au Major signée comme elle est sur Yum Yum Records, label qui brille sur ce projet par un petit côté Bordeline qu’on adore. Tallisker est sur le point de dévoiler son album “Contrepoint” à l’automne. Le titre “Somewhere” repéré par le Tidal de Jay Z est le fer de lance de ce projet. Il a été enregistré entre Paris, New York et Téhéran.
Il y a des pays que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. A l’aune des années 70′, l’Iran, pétromonarchie du Moyen Orient n’avait rien à envier à la Tunisie de Bourguiba au niveau des libertés “culturelles” accordées aux artistes. D’après le témoignage d’un exilé d’une soixante d’années : “Tout était permis tant qu’on ne touchait pas à la politique”. Ce qui déjà peut sembler … un peu répressif. C’est à cette époque sort le tube “Gole Yakh”. Tallisker remix le son en 2016. Il devient totalement virale en Iran, il est entendu plus de 500 000 fois. La jeune productrice devient légendaire au pays de Googoosh. Elle décide donc d’associer l’Iran à son projet.
La rencontre avec les artistes iraniens dans les studios clandestins n’a pas été vain pour la chanteuse qui vit entre Glasgow et Paris. Elle travaille avec des instruments traditionnelles iraniens pour toucher une musicalité inconnue dans son expérience Pop.
La jeune chanteuse réalise même un live sur un rooftop à New York, aboutissement de son rite initiatique dans deux pays que tout oppose sauf le désir brûlant de composer et de créer.
Retrouve le titre “Somewhere” sur TIDAL :