En 1998, Rohff apparaît pour la première fois dans un clip de rap avec Neg’ Marrons, Mystik, et Pit Baccardi dans le morceau “On fait les choses”, tiré de la mixtape “Première classe”. Cette même année voit également la sortie de l’œuvre significative “Le combat continue” de Ideal J. Rohff y participe sur la piste “L’amour”, en duo avec Demon One. Après plus de 25 ans depuis l’émergence de Mafia K1 Fry, qui a marqué le triangle d’or Orly – Choisy – Vitry, Rohff annonce la fin de sa carrière musicale avec l’album “Fitna”, se concluant par une dernière piste monumentale de 14 minutes.
Rohff présente son ultime morceau, un epic intitulé “Fitna”
Le terme “Fitna”, issu de l’arabe, décrit traditionnellement un conflit interne religieux. Bien qu’il décrive souvent les affrontements entre sunnites et chiites dans l’Islam, Rohff l’utilise dans une nuance de ‘rupture’ pour son dernier titre éponyme.
Avec “Fitna”, Rohff ajoute à son répertoire de classiques tels que “Regretté” et “Génération sacrifiée”. Semblable à “Regretté”, “Fitna” est un morceau longue durée où Rohff réfléchit sur sa carrière et son impact sur la scène rap française avec des punchlines mémorables :
"Génération confondue se réforme et me récite, Mes classiques immortels, pas besoin d'album posthume, Suffit pas d'être le padre, au sommet faut qu't'assumes."
Rohff contemple le monde à travers sa “Fitna”
Ensuite, le rappeur visionnaire partage son analyse du monde sur une orchestration de BXL Beats, qui l’accompagne depuis l’album “Grand Monsieur”, enrichissant des titres tels que “Ne me juge pas”, “Hall Of Fame” et “Tout passe”. Dans “Fitna”, le morceau est marqué par des mélodies au piano, revenant aux bases du rap conscient pour une sortie résolument engagée.
Dans ce morceau d’adieu, Rohff évalue la conjoncture mondiale actuelle en quelques minutes, abordant des sujets brûlants sans concession. Son opinion ne plaira pas à tous, ces propos polémiques vont faire couler beaucoup d’encre :
"Tenez l'coup, à trop vivre dans l'haram on y prend goût, J'vais pas faire la morale c'est comme un fou qui parle aux fous." "Ils ont créé le féminisme pour que hommes et femmes se querellent, Que des couples d'animaux, y aura pas d'arche sous l'arc-en-ciel." "Comme Poutine, valeurs familiales on prône, Ils veulent te réduire à leur modèle qui échangent les femmes dans les baisodromes." "Réfus d'obtempérer ou refus de tempérer ? Ils ont tué Nahel, On confie des flingues à des flics mal dans leur peau."
Face à la montée des discours haineux et à l’avancée du Rassemblement National, Rohff demeure un observateur très critique de la société. Derrière lui défile ses influences, des œuvres telles que “American History X”, “Scarface” de Brian de Palma ou encore “Peaky Blinders”, il tire sa révérence avec un morceau controversé mais profondément significatif, “Fitna”, son testament musical.