À la suite de son concert événement à l’Accor Arena, La Fouine a créé la surprise en dévoilant un nouvel album, État des lieux, porté par des collaborations prestigieuses avec Ninho, Genezio, KLN, Merveille et Nessbeal. La Fouine, figure incontournable du rap français aux côtés de Booba et Rohff, a marqué les années 2000 à 2010 par son influence et sa régularité. Le média Brut lui a récemment consacré un reportage intimiste intitulé Une journée avec La Fouine, où l’artiste revient sur deux décennies de carrière : “Beaucoup de galères, beaucoup d’acharnement, beaucoup de persévérance, beaucoup de joie, beaucoup d’amour, beaucoup de tristesse, beaucoup de peines… C’est à l’image d’une vie.” Une trajectoire à la hauteur de la célèbre citation de Pagnol : “Telle est la vie des hommes.”
Pour marquer les esprits, La Fouine s’entoure de Ninho, leader des charts depuis la sortie de Destin, pour livrer non pas un, mais deux volets de État des lieux, deux visions complémentaires d’un même morceau à la force narrative saisissante.
La Fouine et Ninho livrent deux “État des lieux” saisissants
Le format diptyque connaît un véritable engouement dans le rap actuel. Déjà en son temps, Dr. Dre l’expérimentait sur son album Compton avec Darkside / Gone, loin du fantasme Detox. En France, Sofiane a prolongé cette tendance avec deux clips dans Remontada aux côtés d’Azet, amorce d’un projet européen finalement avorté à cause du Covid. De son côté, DA Uzi a brillamment opposé sa double réalité entre Paris et Sevran dans un WeLaRue devenu culte.
Avec État des lieux, La Fouine et Ninho proposent eux aussi un diptyque marquant : une première partie lumineuse, presque estivale, suivie d’un virage radical vers l’engagement social, mis en scène en noir et blanc par le réalisateur Dima.
La première partie du titre est signée Triple’N’Beat et Nask. Le premier a déjà collaboré avec Ninho sur Pourquoi et Vrai de Vrai, et avec La Fouine sur Chargé. Nask est quant à lui derrière Mac 11 de Ninho et Kendrick de La Fouine. Ensemble, ils livrent une production entraînante, taillée pour les longues nuits d’été.
La seconde partie plonge dans une ambiance plus sombre, orchestrée par Fraxille — beatmaker norvégien ayant travaillé avec Central Cee sur Limitless — et Shayaa, pilier discret du dernier projet solo de Ninho.
Dans la première partie, Ninho partage une leçon de vie portée par un état d’esprit lucide :
“J’suis dans des gauche droite pour la maille
Faut s’brûler pour savoir quand c’est chaud
Grosse racaille dans l’auto, c’est nous qui faisions les choses
Intérieur rouge, à bord d’un féfé blanc
Plus jeune j’étais dans l’flou mais c’est comme ça qu’on s’fait les dents”
Puis le ton change dans la seconde partie, où les mots se durcissent :
“Quand t’as ton papier, y’a les requins qui vont avec eux
Et tout ça c’est du vécu, survet’ qui ride avec toi
Les mauvaises énergies peuvent très vite t’affecter
Mandat d’dépôt, que ça tourne, besoin d’affection”
La Fouine, lui, y déverse une rage contenue, nourrie par ses blessures personnelles :
“Le jour où j’ai vu tes larmes, j’voulais mettre la ville en feu
On les allume en riant, j’demande pardon qu’en priant
Une cinquantaine de clients, en ceinture parisienne
Sur le coup j’ai mis du VVS sur le Cayenne”
Le clip, réalisé par Dima — déjà aux commandes du featuring entre La Fouine et RK sur 300, du clip Outro de La Fouine, ou encore du dernier visuel de Sylla Ahmed — s’inscrit parfaitement dans cette volonté artistique de contraste et de profondeur. On retrouve également Dima dans le documentaire de Brut tourné en 2023, preuve de sa proximité avec l’univers de Laouni.