Au début de l’année 2024, Kofs revient sur le devant de la scène avec Après Minuit, un projet audacieux livré en solitaire, sans le moindre featuring. L’artiste y livre une performance brute et affûtée, notamment sur le titre Dans la ville, qui ravive l’intensité de ses débuts. Dans la foulée, il met en ligne une websérie autoproduite, entre fiction criminelle et chronique urbaine, qui prolonge l’univers sombre et sans concession de son album. Ce double registre – entre rap et cinéma – suit Kofs, alias Foued Nabba, depuis ses débuts remarqués dans le film Chouf. Pour cette série, il s’entoure d’ailleurs de plusieurs comédiens issus de ce premier long-métrage.
En 2025, le rappeur marseillais rend hommage à ses maîtres à penser avec Mon école, attendu pour le 13 juin. Ce projet réunit les figures emblématiques du rap français des années 2000 qui ont façonné sa vocation : Rohff, Kery James, La Fouine, Le Rat Luciano, Youssoupha, Sniper, Psy 4 de la Rime, Sinik, LIM, Alkpote, Seth Gueko, Alibi Montana, Kamelancien, Brasco, El Matador, Six Coups MC, Intouchable et Kayna Samet. Une génération pionnière, souvent marginalisée à l’époque, mais qui a ouvert la voie à ce que l’on appelle aujourd’hui l’âge d’or du rap français. À cette époque, la dance de David Guetta occupait les charts, bien loin du raz-de-marée urbain qui domine désormais les écoutes depuis 2019.
Kofs lève le voile sur le visuel de J’viens de là, un titre puissant en collaboration avec Dry et Demon One du groupe Intouchable. Véritable clin d’œil à Pour ceux de la Mafia K’1 Fry, ce morceau s’inscrit dans une démarche de transmission et de respect des racines. Réalisé par Kourtrajmé, le clip original devient ici une référence visuelle assumée.
Kofs et Intouchable réunis sur J’viens de là !
À la différence de l’album La bonne école de Demi Portion, également ancré dans la mémoire du rap 2000, Mon école évite le piège de la nostalgie. Le morceau J’viens de là est tout sauf old school. La production, confiée à 71 Beats et Napalm Beats, mêle énergie contemporaine et puissance d’écriture. 71 Beats, connu pour ses collaborations avec Jul (notamment sur Superstar), est aussi à l’origine de L’élégance et Mauvais garçon pour le projet Classico Organisé. Il a également signé des prods pour Mehdi YZ. Napalm, de son côté, a travaillé avec Bash, Naps, L’Allemand et bien sûr Jul : un CV gorgé de BPM et de kickage. Le résultat est un morceau dense, percutant et musicalement actuel. Une relecture du style Pour ceux, avec une signature propre.
Kofs balance quelques lignes qui claquent :
Je m’échappe quand ça pue la chatte, je vous laisse entre clochards
C’est une fille qui donne le go, avant de te fumer on te charme
Je les baise tous salope, quand tu veux on se frite
Demon One, fidèle à lui-même :
Ma vie pue les drames, malgré ça je dis hamdoullah
Je me plains pas de cette vie, on est que de passage, oublie pas
Et Dry complète avec un flow toujours aussi sec :
Chez nous pas de fanatique, les hommes de ma clique n’aiment que faire du fric
Le clip, signé SlowmProd, est truffé de références visuelles : certaines scènes sont calquées plan par plan sur le clip culte de Pour ceux. La séquence où OGB prépare un kebab est notamment reproduite à l’identique, plus de vingt ans après. Samir Salah, alias OGB, vient d’ailleurs de publier un ouvrage introspectif intitulé Je suis venu me dire…, prolongement littéraire d’un héritage musical. La Mafia K’1 Fry, née entre Choisy, Orly et Vitry, reste un pilier du rap français. Le clip a été tourné dans le 94, territoire fondateur, et SlowmProd – déjà à l’origine de nombreux visuels de DJ Hamida – en signe ici une réalisation impeccable.
