Saturday, June 14, 2025

Dinos signe son biopic, dans la lignée de Sinik avec 93 bpm

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C.E.O HELL SINKY, author, journalist, documentary

Cette année, Dinos a marqué son retour avec l’album Kintsugi. Porté par une première semaine solide à 20 000 exemplaires, le projet est certifié disque d’or dès le mois d’avril. Une performance notable qui confirme la fidélité de son public. Pour prolonger l’aventure, le rappeur dévoile deux nouveaux titres extraits de l’album : 93 bpm et La Janaza d’un frère. Deux morceaux singuliers, à la fois personnels et audacieux.

Le premier, résolument boom bap, reprend le sample emblématique de Une époque formidable de Sinik. Le second s’appuie sur une boucle jazz délicate. Rien de surprenant pour ceux qui connaissent le Dinos de Imany : dès ses débuts, il explorait déjà ce type de textures introspectives. Depuis Stamina — et surtout Taciturne — l’artiste a su moderniser sa formule sans jamais renier l’âme de sa plume. Sa trilogie d’EPs avant Hiver à Paris, notamment les titres Deido et Amaru, en témoignent avec force.

« Ne me parle plus jamais comme si j’étais le Dinos d’Imany », clame-t-il. Et pourtant, malgré les évolutions, l’auteur reste fidèle à son ADN : l’écriture avant tout. Une fidélité qui fait de lui l’un des derniers hérauts d’une génération où le texte primait sur le reste — une époque révolue mais qu’il continue de défendre à sa manière.


Dinos signe son biopic, dans la lignée de Sinik avec 93 bpm

Avec 93 bpm, Dinos livre un autoportrait brut, comme l’avait fait Sinik avant lui. Le morceau convoque les fantômes d’une époque révolue, en hommage à Une époque formidable et au poignant 93 Mesures, où Dinos questionnait ses démons entre « boumarra » et psy :

« J’peux pas aller chez l’bout-mara parce que j’ai peur du ciel
J’peux pas aller chez l’psy parce que j’suis un mec de tess »

Dinos lui répond, avec la même ambivalence, dès les premiers vers :

« J’suis pas allé chez l’bout-mara, j’suis allé chez l’psy
Mais lorsqu’il a appelé mon nom, j’étais déjà parti
Contradictoire car c’est comme ça qu’Dieu m’a créé »

Ce titre s’inscrit dans la veine de ses morceaux les plus introspectifs, ceux où il abandonne l’égotrip pour livrer ses vérités : Helsinki, Deido, 93 mesures, Amaru. Rien d’étonnant donc à retrouver Steph One à la production — le même artisan derrière Helsinki, connu pour ses textures sobres et émotionnelles. Il collabore d’ailleurs régulièrement avec Benjamin Epps, autre amoureux des tempos lents et des punchlines chirurgicales.

Le morceau reprend même le célèbre refrain de Sinik, comme une passerelle entre générations :

« Rappelle-toi, on était jeunes, on n’avait pas la haine
On n’avait pas d’label, encore pire, on n’avait pas d’tals
J’repense à toutes les fois où j’t’ai pas rappelé »

Avec recul et lucidité, Dinos revient sur son ascension, sa sortie du quartier, et les paradoxes de la réussite :

« On était insolvables, maintenant, on pète les capots
On était des soldats, maintenant, on est des capos »

Mais chez lui, la lumière est toujours teintée de gris :

« Le poids d’la famille sur l’dos, l’hernie f’ra mal
Parce que même quand on souffre, on fait blehni ça va »


Dinos s’aventure sur des terres jazzy à la Kendrick Lamar

La Janaza d’un frère, deuxième extrait, propose un contrechamp élégant et mélancolique. À la prod, on retrouve TenBillion Dreams, beatmaker londonien en pleine ascension, notamment connu pour ses travaux avec Ghetts. Ici, l’univers évoque un Kendrick Lamar en mode To Pimp a Butterfly, voire les ambiances feutrées de Guru sur Jazzmatazz.

Dinos y explore la fatalité avec une sobriété saisissante :

« J’suis déjà mort avant de naître, j’suis déjà vide avant de ken
J’suis déjà ivre avant de boire, il fait déjà nuit avant le soir »

Un titre en miroir de ses morceaux de réussite. Ici, il rappelle que la célébrité et les billets ne suffisent pas à combler les manques ni à effacer les cicatrices. L’amertume persiste, indélébile.


Une esthétique visuelle en clair-obscur signée Steven Norel

Les deux clips sont réalisés par Steven Norel, dans un noir et blanc léché rappelant celui de Helsinki. Dans 93 bpm, on suit Dinos arpentant les rues de Paris, en écho à ses racines du 93. La Janaza d’un frère, lui, se déroule dans un studio baigné de calme. Steven Norel, qu’on avait déjà vu à l’œuvre sur Sorcière de Tuerie ou T’as pas la ref de Benjamin Epps, confirme ici sa capacité à sublimer l’intime.

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