Parmi les groupes de rap français les plus emblématiques, Anfalsh vient se positionner dans la catégorie des poids lourds.
Composé de Casey, Harry la Hache (anciennement Prodige), et B.James. Le collectif regroupait également dans les passés les MC’s Navea et Sheryo. Le dénommé Acto fut également présent sur toute la mixtape « Que d’la haine 2 ».
Le groupe a su s’imposer, grâce à son esthétique percutante, ses propos incisifs mais sensés, kickés magistralement sur des intrus sombres et efficaces, devenant ainsi une équipe de choc.
Anfalsh, possee originaire de la banlieue nord, se caractérise essentiellement par sa rage. Une rage positive dans un sens. Une rage rebelle.
Les trois mc’s afro-descendants, issus de quartiers difficiles ont connu beaucoup d’injustices et de coups durs. Et ils nous narrent ces expériences avec une très forte authenticité.
L’intégralité de la trilogie « Que d’la haine », c’est un poignard, des flammes, du sang, de la haine, de la véracité, mais avant tout de la revendication. Une féroce revendication que nos dirigeants feraient mieux d’écouter un jour. Celle d’une jeunesse à qui on n’a jamais rien donné. Qu’on a laissé à l’abandon. Qui a du se battre et se faire sur le terrain pour en arriver où ils en sont aujourd’hui, sans jamais baisser leur froc.
Anfalsh, collectif intégralement indépendant, n’a jamais eu besoin de passage radios ni de l’aide de médias pour s’imposer comme des légendes du Rap Français.
C’est à coup de mixtapes cinglantes, provoquantes, de punchlines d’anthologies, de freestyles virulents qu’ils ont su fonder une fanbase incroyablement soudée qui les ont soutenus jusqu’à aujourd’hui.
« On est pas dans la tendance, c’est trop tendu. C’est avec l’injustice qu’on danse, on vient prendre notre dû. » rappait Harry la Hache (alors dénommé Prodige) sur le premier volet de la trilogie « Représailles », dans le titre « T’en es où maintenant ? »
Il poursuit plus tard dans le morceau : « On a pas l’esprit gaulliste pour passer sur les playlist alors place aux terroristes ».
Le constat est clair. Le groupe indépendant du début à la fin, n’en a clairement rien à foutre de passer sur les playlists, et s’impose avec hargne et puissance comme des contestataires.
Casey enchaine après un couplet remarquable de B.James un seize mesures d’autant plus tranchant, où elle explique qu’elle va, accompagnée de ses acolytes, assassiner de façon très méthodique et machiavélique le « faux rappeur » type.
Dans le morceau « Ma Patrie mon Clan », Harry rappait « Préviens tout l’gratin, tous ces fils de putains, que la rancune, nous a atteint, sans thunes. » […] « On demande pas on se sert, comme ce képi au dessert » enchaine-t-il quelques mesures plus tard.
Le propos est établi. Le groupe, virulent et dégouté par les différentes injustices du pays raciste dans lequel nous vivons, n’en a plus rien à foutre, et est prêt à en découdre. Il se moque des majors, des rappeurs imposteurs, des traitres, des balances, des dérives des politiques, s’insurgent contre le racisme qu’ils ont subi, et le moins que l’on puisse dire c’est que le possee de la banlieue nord a le sens de la formule…
Il est rare dans le rap français d’entendre une rage aussi saine. Aussi fédératrice…C’est brutal, ça sort directement des tripes. Chacune ou presque des phases du collectif Anfalsh opère comme de véritables décharges émotionnelles.
Les influences semblent êtres celles du Rap de Queensbridge et de différents faubourgs de New York. Un son rugueux, crasseux dans le bon sens du terme, ainsi que des productions de beatmaker/rappeurs tels que Necro sur lesquelles le groupe a déjà kické sur différentes mixtapes.
Écouter Anfalsh c’est en prendre plein la gueule de la première mesure jusqu’à la dernière. Et on en redemande, car on se reconnait dans leur rage, et c’est éminemment jouissif.
Les différents membres du groupe exerçent également respectivement des carrières solo… Casey et le désormais dénommé Harry la Hache ont dernièrement sorti un sublime titre en collab intitulé « En bas d’la page », qui fait à la fois preuve de force et de beauté, et dont les retours sont dithyrambiques…
Casey, quant à elle, en carrière solo, on ne la présente plus… Elle a su fonder une légende et avec une discographie plus que remarquable s’imposer comme la meilleure rappeuse de l’Hexagone.
En somme, ce groupe mythique, dont l’emblême est un couteau de chasse, ne fera jamais dans la dentelle. Il a su s’affirmer, avec une image à la fois confidentielle et violente, des mixtapes uppercuts et différents clips chocs comme une référence incontournable du Rap Français de la scène dite “Hardcore”.