ATK, collectif mythique du rap français, a marqué les années 90 avec un style brut et sans concessions. Leur album Heptagone, sorti en 1997, reste l’un des joyaux de l’underground. Aujourd’hui, on retrouve Antilop Sa, l’un des membres fondateurs du groupe, pour revenir sur cette époque… et comprendre ce qu’il en est aujourd’hui.
1. Le Commencement
Q1. Comment s’est formé le groupe ATK à l’origine ?
Raconte-nous un peu la genèse du collectif, les premières rencontres, l’ambiance de l’époque…
Grâce à la section lyricale composée de Cyanure Kesdo (rip) et Axis avec des ramifications du côté de Saint Blaise (vingtième arrondissement), nous étions nombreux à nous essayer à cet art. Il y a eu une dynamique galvanisante, un courant fédérateur, une alchimie. Nous étions plus d’une vingtaine, un gros « posse », l’expression commune de cette période. Notre force était notre diversité d’horizon, de culture, de flow et cela a donné un genre de cocktail explosif autour d’une passion commune.
2. La Montée en Puissance
Q2. À quel moment vous avez senti que ça prenait, que le public répondait ?
Est-ce que tu peux nous expliquer comment vous avez accédé petit à petit à la reconnaissance, jusqu’à l’album Heptagone ?
Nous étions un groupe territorial, en l’occurrence affilié plus au vingtième arrondissement, origine de certains membres du groupe à l’époque, notre nom a vite circulé dans la capitale et au-delà car les mixtapes étaient nos faits d’armes, nous en avions quelques belles au compteur (rip Dontcha Flex), elles ont fortement contribué à nous faire connaître dans l’underground. Mais c’est surtout la compilation Nouvelle Donne 1 qui a donné l’occasion au collectif de « se montrer » avec le titre Attaque à Mic Armé feat Zoxeakopat des Sages Poètes de la Rue.

3. L’Héritage d’Heptagone
Q3. Heptagone est considéré comme un classique de l’underground. Qu’est-ce qui a changé pour vous après cet album ?
Franchement pas grand-chose, les médias nous ont toujours snobés, il n’y a rien eu de facile ni hier ni aujourd’hui.

4. Époque VS Époque
Q4. Quelle différence tu observes entre la manière de faire du rap dans les années 90 et celle d’aujourd’hui ?
Que ce soit dans les moyens de production, dans les thèmes, dans l’état d’esprit…
Je ne vais pas être original, le rap est devenu une véritable industrie. Les choses dépassent tout le monde, les artistes eux-mêmes ne savent plus ou pas vraiment ce qu’ils font. Il y a un pillage culturel, les rouages sont tenus par des faux. Bref, la météo n’est pas reluisante. Qui plus est, dans une époque d’individualisme exacerbé, faire du rap aujourd’hui c’est prendre en compte tout cela et avec ça essayer de composer, chacun sa croix…
5. Que sont-ils devenus ?
Q5. Que sont devenus les autres membres d’ATK aujourd’hui ? Et toi, où en es-tu dans ta vie, dans ta musique ?
Est-ce que certains continuent, est-ce que d’autres ont complètement tourné la page ?
Je te laisse le soin de prendre contact avec les membres du groupe, ils auront beaucoup d’infos à te donner également. Cela fait vivre la mémoire du clan. Pour ma part, j’ai depuis sorti 2 albums Printemps Noir volume 1 et Printemps Noir volume 2, un livre aux éditions Mindset « S’Endort-on dans nos Rêves ». En parallèle de mes chroniques « Entretien avec le Shogun » pour le magazine Starwaxmag, nous venons de sortir avec Le Jouage (épaulé par Dj Lord Saigneur Deux Platines), 2 versions de la nouvelle mixtape Phonographe One Shot Etat Brut et la version 2luxx disponible en cassette chez notre partenaire Le Club K7 et en version digitale distribuée par Wiseband/Ase Record.
Je termine actuellement mon prochain album « Ce que le Vent Murmure » enregistré en Thaïlande et réalisé par Le Jouage. Récemment, j’ai monté avec un associé à Chiang Maï, dans le Nord de la Thaïlande, un lieu où je pourrai fédérer la musique : le Phonolounge, parrainé par le magazine Starwaxmag. C’est un lieu d’art, d’émotion, de culture, l’ouverture est pour bientôt…
6. Aujourd’hui : ton rapport à la musique
Q6. Qu’est-ce que tu prépares en ce moment ? Est-ce que tu travailles sur un nouveau projet solo, un retour avec ATK ?
Q7. Tu dirais que ta musique a évolué ? Ton écriture, ta vision, ton envie ?
Je vais répondre en commençant par la fin, le rap c’est un état d’esprit, un exercice cérébral de tout instant, une réflexion, un regard sur le monde, sur les autres donc mon art est en constante évolution. […] Le Jouage a réalisé l’album et Dj Lord Saigneur Deux Platines a grandement contribué à l’habillage des morceaux aux platines. La sortie est prévue pour novembre 2025 distribuée par Wiseband.
7. Regard sur le rap actuel
Q8. Est-ce que tu penses que le rap était « mieux avant » ? Ou est-ce que tu trouves aussi ton compte dans ce qui se fait aujourd’hui ?
Q9. Quels rappeurs t’écoutent, selon toi ? En France ? À l’étranger ?
Le rap est bon si c’est bien fait, peu importe l’époque. Perso, je trouve mon compte parmi ces underdogs : Diksa, Seven l’Homme 7, Chef Moha, Kaiman Lanimal, Sitou Koudadje, Costello, Le Jouage, James Delleck… À l’étranger : Ibaaku, Sembe pour le Sénégal, Lazy Bad Monday et Yoshihiro Yuki pour le Japon, Lucius et le Chiryu Squad à Bangkok, Thaïlande.

Clôture
Q11. Si tu avais un message à faire passer aux jeunes qui se lancent dans le rap aujourd’hui, ce serait quoi ?
Q12. Et surtout, quelle est ton actualité en ce moment ?
La passion avant tout, l’amour de la musique et « Si tu as quelque chose à faire, fais-le mais fais-le vite ». Mon actualité en ligne sur ma chaîne : le clip « Caresse la Détente » réalisé en Thaïlande par Wang Ô et le 239 Studio CNX, produit par Le Jouage. L’album CE QUE LE VENT MURMURE disponible en novembre 2025. Et nous ouvrons les portes du Phonolounge dans quelques semaines, si Dieu veut. Les projets Phonographe One Shot Etat Brut et Phonographe 2luxx sont disponibles sur toutes les plateformes.