Un projet pensé comme une architecture
Citadelle n’est pas un simple enchaînement de pistes : c’est un dispositif. SENA y dresse des murs symboliques — protection, loyauté, discipline — tout en laissant entrevoir des passages vers l’intime. On reconnaît sa patte : écriture de « cinéma direct », scènes brèves, angles précis, lexique qui frappe l’œil. Le récit décrit une ascension lucide : tenir, se tenir, tenir parole.
Extraits qui posent le décor
« Fais-le bien » ouvre la voie, manifeste de détermination et de sincérité. Sorti le jour de l’anniversaire de son fils et tourné à Madagascar, le clip ancre le propos dans une géographie autant personnelle que réelle.
« Mulder » confirme la fibre cinéphile : clin d’œil à X-Files, mélodies entêtantes, punchlines incisives, et un clip tourné Place d’Italie (Paris 13e) qui diffuse un mystère traversant tout l’album.
« À l’aveugle », présenté comme bonus, s’encastre pourtant dans l’architecture narrative, véritable sas avant l’entrée dans la Citadelle.
Direction artistique : nerf et mélodie
La signature sonore alterne bangers sous tension et respirations mélodiques. Rythmiques acérées, basses au premier plan, toplines accrocheuses : SENA pose en percussion, puis glisse vers le chant pour hausser l’intensité. La cohérence guide l’ensemble : chaque titre ajoute sa pierre à l’édifice.
Release party : la Citadelle prend vie
Il y a une semaine, SENA a dévoilé Citadelle en live lors d’une release party. Objectif : éprouver le projet en conditions réelles et dévoiler sa grammaire visuelle. Sur scène, l’alternance nerf/mélodie a dessiné des pics de tension et des respirations introspectives, portée par un storyboard millimétré — prologues, interludes, clôture. Cette mise à feu confirme la dimension scénique de l’album et valide les choix de DA : lumières « ciné », textures froides/chaudes selon les tableaux, transitions soignées.
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Héritages et continuités
De Tchernobyl (et sa version 2.0 non censurée) à Pulp Friction — clin d’œil à Quentin Tarantino — SENA cultive les passerelles entre rap et cinéma. Citadelle en est la synthèse : références assumées, mise en scène soignée, écriture incarnée. On retrouve l’éclectisme éprouvé entre Odyssey#1/#2 et des titres plus légers (La douille de l’été) : varier les atmosphères sans dissoudre l’identité.
Pourquoi Citadelle compte
La cohérence du scénario se lit de l’ouverture au final. L’identité vocale s’affirme — grain reconnaissable, placements sûrs. La puissance visuelle s’ancre dans des lieux précis et une direction artistique resserrée qui prépare une tournée à fort potentiel scénique.