Sunday, June 8, 2025

Interview de Fabrice Mukuna : Entre racines et réinvention musicale !

Must Read
ZEZ
ZEZ
C.E.O HELL SINKY, author, journalist, documentary

🔹 Présentation

Pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore, peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Fabrice Mukuna. Je suis musicien, compositeur et chanteur. Je suis né à Mbuji-Mayi, au Congo, et je vis en Belgique depuis 2017. La musique est entrée dans ma vie très tôt — comme beaucoup d’enfants congolais, j’ai grandi entouré de sons, de rythmes, de chants. À la maison, à l’église, dans la rue : la musique était partout. C’était à la fois une échappatoire, une identité, et une manière de créer du lien.


🔹 Naissance d’un son hybride

Ta musique est un mélange de jazz, d’afrobeat, d’amapiano, de deep house, de rumba… Est-ce que cette fusion a commencé à Kinshasa ou à Bruxelles ?
C’est un peu des deux. Kinshasa m’a donné les fondations : la rumba, le gospel, le groove naturel. Mais c’est en arrivant à Bruxelles que l’ouverture s’est vraiment faite. J’ai découvert d’autres scènes, d’autres influences, d’autres manières de concevoir la musique. Ici, j’ai pu expérimenter, croiser les mondes.

Était-ce une démarche consciente, ou une évolution naturelle ?
C’était d’abord instinctif. Je voulais simplement que ma musique reflète ce que je suis : un pont entre les cultures. Mais avec le temps, ça s’est structuré. J’ai voulu aller plus loin dans cette hybridation, trouver un équilibre entre la tradition et la modernité, entre la danse et la conscience.

Quelles sont tes grandes influences musicales ?
En jazz, j’écoute beaucoup Coltrane, Miles Davis, mais aussi des figures comme Fela Kuti ou Hugh Masekela, qui ont fait ce lien entre jazz et Afrique. Du côté africain, la rumba congolaise bien sûr, les voix de Tabu Ley, Franco, Papa Wemba. Et le gospel, qui m’a profondément marqué. Certains moments ont été déclencheurs : voir un concert de jazz contemporain avec des instruments africains, ou entendre une prod amapiano sur une voix soul… Ça m’a donné envie de chercher, d’oser.


🔹 Le projet musical et humain

Comment est né le Fabrice Mukuna Band ?
C’est une aventure collective. J’ai rencontré chaque musicien sur mon chemin, parfois dans des jams, parfois dans des projets parallèles. Ce sont des artistes venus de plusieurs continents, avec chacun leur culture, leur groove, leur langage. Ce n’est pas un hasard : cette diversité est au cœur de mon identité musicale.

YoKinJazz, c’est plus qu’un groupe, c’est presque un manifeste. Comment le décrirais-tu ?
YoKinJazz, c’est l’idée d’un jazz qui parle lingala, qui danse comme à Kinshasa, mais qui résonne aussi à Bruxelles, Paris ou Johannesburg. C’est une manière de dire : on peut être profondément africain et totalement universel. C’est un son, un message, un espace de liberté.

Te reconnais-tu dans une école du jazz africain ?
Oui, quelque part. Je me sens proche de ce que font certains artistes sud-africains, ou ceux de la diaspora afro-américaine et caribéenne. Mais je ne veux pas m’enfermer dans une case. Ce que je fais, c’est du jazz, mais aussi de la vie, de la rue, de la mémoire, de la fête.


🔹 Vivre et créer en Belgique

Comment la Belgique t’a-t-elle accueilli ?
C’est un pays complexe, avec des opportunités mais aussi des barrières. En tant qu’artiste venu d’ailleurs, il faut souvent prouver deux fois plus. Mais j’ai aussi trouvé des gens incroyables, des scènes ouvertes, des soutiens. Mon parcours ici est fait de contrastes.

Tu as vécu une arrestation que tu as qualifiée d’arbitraire. Peux-tu revenir sur cet épisode ?
Oui, c’est une expérience que je n’oublierai pas. J’ai été arrêté sans raison claire, simplement parce que je ne rentrais pas dans une norme. C’est dur, humiliant, mais aussi révélateur. Ça montre le regard encore biaisé porté sur les artistes étrangers, même quand on essaie simplement de contribuer, de créer, de bâtir des ponts.

Est-ce que ça a eu un impact sur ta carrière ?
Oui, clairement. Des dates annulées, des doutes, des complications administratives. Mais j’ai décidé de transformer cette colère en création. Le morceau *Liberté* est né de ça.

Parle-nous de ce morceau.
C’est un cri, un chant, une reprise de pouvoir. Composer, c’est une manière de ne pas subir. De dire : *“Je suis là. Et ma voix compte.”* *Liberté*, ce n’est pas juste une chanson. C’est une déclaration.


🔹 La scène : lieu de communion

Tu t’es produit dans plusieurs festivals et salles en Belgique. Quelle place a la scène dans ton projet ?
La scène, c’est le cœur. C’est là que tout prend vie. Ma musique est faite pour être vécue en direct : les rythmes, les regards, l’énergie partagée. Rien ne remplace cette connexion avec le public.

Tu dis souvent : “Si vous ne dansez pas, vous êtes remboursé.” Pourquoi ?
(Rires) C’est une façon de dire que la musique doit être ressentie dans le corps. Mais danser, c’est aussi une forme de résistance, de joie, de message. Faire danser, c’est faire vivre.


🔹 Avenir et projets

Tu as un double album prêt, avec plus de 20 titres. Que va-t-on y trouver ?
De nouvelles fusions, des collaborations inédites, des morceaux très personnels et d’autres plus festifs. C’est un voyage, un panorama de ce que je suis aujourd’hui et de ce que je deviens. Je prends des risques, je me dévoile.

Quels sont tes prochains objectifs ?
Des résidences, une tournée internationale, des projets de collaboration en Afrique et en Europe. 2025 sera une année de rayonnement. J’ai envie de faire entendre ma voix plus loin, de rencontrer d’autres publics.


🔹 Conclusion

Quel message veux-tu transmettre à travers ta musique ?
Un message d’ouverture, de dignité, d’espoir. Je veux dire à chacun : *“Tu as le droit d’exister pleinement, avec toutes tes racines, toutes tes nuances.”*

Et à ceux qui découvrent ton univers ?
Bienvenue. Venez avec curiosité, avec vos oreilles et vos cœurs ouverts. Ma musique est un espace pour vous, pour danser, réfléchir, ressentir. On est ensemble.

- Advertisement -spot_img
57,000FansLike
2,916FollowersFollow
701FollowersFollow
1,080SubscribersSubscribe
Latest News

La Pièce, voix nue d’une génération sans filtre

« Chaque morceau, c’est un témoignage. » Pour La Pièce, la musique n’est pas un artifice : c’est un...
- Advertisement -spot_img

More Articles Like This

You cannot copy content of this page