Après avoir décroché un disque d’or avec Akimbo, contre toute attente, Ziak poursuit sa trajectoire avec Chrome, avant de livrer Essonne History X. Ce nouvel opus marque un tournant audacieux dans sa discographie : une plongée dans l’expérimental, riche en explorations stylistiques et en prises de risques assumées. Bâtisseur d’un univers drill singulier, Ziak navigue désormais entre les genres, révélant une palette artistique plus nuancée que jamais. Entre Story, Manuel de Vengeance et le récent Maudit Land, c’est un véritable kaléidoscope sonore qui s’offre à nous.
Avec 8 411 ventes tous supports confondus en première semaine, Essonne History X signe pourtant le plus faible démarrage de sa carrière. Un chiffre à relativiser face aux performances en streaming : l’album cumule déjà plus de 32,7 millions de lectures sur Spotify, preuve de la fidélité et de l’engagement de son public.
Invité par Mouloud Achour après la sortie de Chrome, Ziak confiait vouloir “refermer la page ouverte avec Akimbo”. Une déclaration qui éclaire la direction prise par Essonne History X, dont le titre évoque ouvertement le film culte American History X. À travers cette référence, l’artiste semble interroger la rémanence du passé. Avec Akimbo et Chrome, il explorait déjà les contrastes du succès, teintés d’une “froideur” latente — “la froideur de mon cœur”, comme le rappelle Achour. Aujourd’hui, cherche-t-il à exprimer que cette part sombre ne l’a jamais quitté ?
Le dernier clip en date, Maudit Land, s’inscrit dans la continuité de Manuel de Vengeance, autant sur le fond que dans la forme visuelle.
Ziak est à Maudit Land !
La production est signée Seezy, fidèle architecte sonore de Vald, mais également collaborateur de Wejdene, SCH sur l’émouvant La Pluie, ou encore de Dinos et Zed sur Stacks. Sur Maudit Land, il tisse une ambiance dramatique, portée par un sample de violon bouleversant, survolé par une basse moderne et grave. Ziak s’y montre insaisissable, adoptant un flow flottant, à mille lieues de ses interprétations percutantes habituelles. Un registre proche de celui qu’il expérimentait déjà dans Manuel de Vengeance.
Le rappeur cisèle ses punchlines avec une précision quasi littéraire :
“J’suis dans Paris, dans cette p’tite ville, sapé comme un chic type
J’vois des darons démunis, frôler l’coma éthylique
J’roule un collage qui pue l’fromage, je teste mes limites (Mes limites, buh)
J’aime le rhum et j’aime la musique, c’est la génétique”
Le clip de Maudit Land prolonge l’esthétique de Manuel de Vengeance. Là où l’on découvrait auparavant un homme observant à travers des persiennes, dans un décor évoquant une salle d’interrogatoire, on retrouve cette fois un jeune homme blessé sur un champ de bataille, toujours filmé en plan large. Ce diptyque visuel, orchestré par le réalisateur Denys Bourbier, s’inscrit dans une mise en scène cinématographique forte de sens. On lui doit également les vidéos de Story et Belle Madame.
