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Tu les connais les années 00’ ? La Dance se pavanait dans les clubs les plus mainstream de la capitale de la LOCO à la Scala (actuel VIP Room). Ils ont été les précurseurs du DJ Chaine Hifi. Bien des années plus tard au Queen, juste avant que Futur vienne poser son Mask Off sur scène, j’ai vu le DJ lancer une playlist et aller fumer une clope dans le fumoir. C’est ça. Pendant ce temps-là, la scène underground electro plutôt drum n bass dominé à mon souvenir par les maîtres de Ninja Tunes arpentaient les scène dégueulasse et un brin « punké ». C’était un homme bien, c’était un homme bon !
Entre le cannabis, les « meufs », et les soirées, j’étais refais. La seule véritable responsabilité que je devais supporter c’était d’éviter de faire une overdose, et j’y arrivais plutôt bien. Et c’était loin d’être Requiem For a Dream à la maison. Même s’il est vrai que cette tragédie insupportable chef d’œuvre du réalisateur de Blvck Swan m’a fait froid dans le dos. La dernière scène est particulièrement traumatisante.
Donc j’avais des potes en archi, et les soirées archi c’était le must… surtout au niveau des prix, de l’ambiance, et de bien entendu de la musique moins Britney et Christina Aguilera qu’ailleurs. Et je m’étais juré comme le Dracula de Bram Stocker devant sa croix en sang que plus jamais non plus jamais j’entendrais « …One More Times ». Comme 10 ans plus tard, « la Camisa Negra », le titre me donnait envie de m’échapper. Pire qu’une sirène à incendie, elle provoquait chez moi la fuite.
Alors comme tout gars qui se respecte, j’ai préparé la soirée avec deux potes, une bouteille de sky, et un bordel de bouteille grecque qu’un pote américain de mon père lui a filé. Il n’a jamais bu la bouteille car il avait des doutes quant à son contenu. Moi ça m’a pas posé de problème. A la moindre objection des uns ou des autres, je sortais le fameux « t’inquiètes ». Formule passe partout, convaincante et rassurante annonciatrice des pires malheurs.
La pré-soirée a commencé à 14 h ! Oui pour des jeunes ado prépubères, la perspective de s’amuser en soirée est tellement extraordinaire qu’on part souvent trop tôt à la guerre. Les verres s’enchaînent à vitesse grand V. On parle ensemble du monde qu’on ne changera jamais et des petites choses de la vie qu’on aimerait changer. A 23 h on est bon pour partir. La voiture va trop vite ou c’est mon cœur qui ne bouge plus. Je finis la bouteille de Sky au milieu de la queue complètement déphasée. Et on rentre.
C’est à Raspail cette fois. Des graffeurs font vibrer la peinture bleu et orange sur des murs recouverts de papier toilette : ils ont réussi à faire rentrer le vandalisme dans une école mais il était momifié, pétrifié. Le Street Art ne sera jamais vraiment de l’art puisqu’il est lié au vandalisme et à l’anti-consumérisme.Et l’Art se vend.
Puis une fille à lunette que j’arrive pas à décrypter m’aborde, et me demande si je veux graffer. Comme tout petit con de l’époque je sais placé quelques lettres… mais tout ceci reste assez modeste. Alors je refuse. Elle me demande mon blaze, je réponds « Serber » . Elle lâche un Wow. Je me dis que j’ai un homonyme super connu et que je devrais arrêter de faire du graff.
Ou peut être que je suis trop bourré pour comprendre vraiment. Alors je me lance sur la piste. Après trois minutes, je croise deux ou trois têtes, et j’ai des balbutiements. Le monde tourne autour de moi. Pendant cet instant unique, j’ai l’impression d’être le centre de l’univers. Pour tout mon malheur, les étoiles, les planètes, les gens, et ces putains de néon tournent autour de mon corps décrépi. Je viens d’inventer le zezocentrisme. Je me barre en courant.
Je rejoins un pote et lui demande les clés de la voiture pour récupérer ma veste. Il me dit d’aller me faire foutre. Alors je sors en t-Shirt dans le froid d’hiver. Tu comprendras plus tard le sens de affirmation si mystérieuse : Winter is Coming. Et au lieu de t’en faire pour ces putain de marcheurs blancs qui existent qu’à la télévision, tu devrais plutôt imaginer être en TShirt dans le froid d’hiver. Et pour un mec qui est né de l’autre côté de la méditerranée ou pire en Orient, c’est un casus belli culturel.
Je prends le premier taxi qui arrive. Le mec veut taper la discut. Je ne réponds pas. Il me regarde de bas en haut et me demande de mettre ma tête à la fenêtre. Le gars se prend désormais pour Samy Nacéri dans «Taxi ». Avec sa Clio de merde, le mec il se dit que s’il fait exactement comme cet acteur balafré dans le premier film de cette franchise interminable il va réussir à pas me faire vomir. Pendant ce temps là, je sens le froid, la nausée, et les contractions m’envahir. Arrivé autour de la rue de la roquette, un « mec » m’accoste et me demande mon numéro… En 20 ans je me suis jamais fait draguer par une femme ni par un homme alors sans même prendre la peine de répondre, je fais mine de dire oui et je m’enfonce dans Lutèce.
Le reste n’est pas très glorieux et il ne mérite pas d’être raconté. J’ai passé la soirée dans les toilettes. Mais une chose est bien dommage. C’est à ses âges, lorsqu’on a du temps et de l’énergie, lorsqu’on ressent plus les choses qu’on les réfléchit, qu’on se perd dans les ténèbres de soi même. Nous sommes des gouffres de néant et passons notre temps à nous extirper de nos propres égarements.