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Violences policières : La Nuit en Enfer du rappeur KLS La Rafale !

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ZEZ
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C.E.O HELL SINKY, author, journalist, documentary

Depuis l’affaire G.Floyd aux USA, les scandales autour des violences policières se multiplient. Est ce vraiment un hasard ? Témoignage d’un rappeur qui a connu l’enfer pendant une nuit baladé entre 4 postes police.

Le hasard médiatique quelques fois ne fait pas bien les choses. Il y a plusieurs semaines, le gouvernement pressé par un sentiment d’insécurité accrue fondée ou infondée se dépêchait de produire une loi pour renforcer la sécurité intérieure. Au sein de ce magma législatif, une mesure volcanique met le feu au poudre. Il s’agit d’un certain article 24 qui juge illégal le “fait de filmer des agents de police ” dans l’exercice de leurs fonctions. Depuis plusieurs années en effet, le “COP Watching” lancé par les associations d’extrême gauche se développe rapidement. Cette tendance appelle au réveil civique, et donc à “enregistrer les interventions de la police judiciaire” pour se protéger contre les bavures. Deux idées s’opposent ici. La première tend à la sécurité des agents de police qui sont des “hommes et des femmes ordinaires” dans la vie civile, cible potentiel d’une expédition punitive. C’est ce qui explique l’interdiction. D’un autre point de vue, cette interdiction pourrait couvrir pas mal de bavures. Une solution intermédiaire pourrait revenir à contraindre les agents de la police judiciaire à embarquer une caméra dans leurs interventions sous contrôle de l’IGPN, et du juge en cas de contentieux.

Malheureusement pour le gouvernement, deux affaire très délicates se sont succèdées. D’abord c’est un camp de migrant qui a été évacué avec beaucoup de violences à Paris. Les images tournés surplace sont univoque. Les syndicats de Police ont d’abord parlé d’un piège tendu par la gauche pour instrumentaliser l’affaire pour critiquer justement la mise en place de l’article 24. Puis, c’est un producteur de musique qui a été agressé dans son studio avec une violence inouïe. Les caméras du studio toujours en activité ont filmé la scène. Deux de ses policiers ont dormi en prison hier soir. Mais l’affaire remet en cause la toute puissance de l’article 24. Même le ministère de l’intérieur très protecteur des agents de police s’est désolidarisé des agents en cause. Les syndicats de la Police peine à apporter une réponse satisfaisante à cette “bavure avérée et incontestable“.

Pourquoi les tensions sont aussi vives ?

Max Weber imaginait que seul « L’Etat a le monopole de la violence légitime ». En revanche, la crise des Gilets Jaunes a libéré la violence policière. Sans vouloir entrer dans des théories vagues du complot, et malgré l’absence de statistiques officielles en la matière, l’IGPN (l’inspection de la Police) a noté 20 000 tirs de Flash Ball en 2019 d’après des chiffres dévoilés par RTL. Un tel chiffre n’a jamais été atteint eu Europe… Et plus de 212 enquêtes ont été confiées à l’IGPN.

La crise des Gilets Jaunes a déjà beaucoup entamé le moral des forces de l’ordre et leur self contrôle. Depuis le début de crise jaune, les scandales s’accumulent autour des forces de l’ordre. Le confinement a peut-être aggravé les choses. D’après les informations recueillies par Le Monde, les personnes en France qui vivent dans la précarité que ce soit à cause d’un problème de logement ou plus largement d’un problème financier sont particulièrement touchés par les mesures de confinement pour des raisons évidentes. Les témoignages recueillis ne laissent pas place au doute. La situation dans les quartiers populaires est explosive, et la Police exténuée fait de plus en plus usage de la force.

Le cas KLS LA RAFALE : Une injustice de plus ?

Justement, nous avions recueilli le témoignage d’un jeune qui a reçu un tir de flashball quelques jours seulement avant que le confinement ne soit décidé. Cette nuit-là, KLS du groupe La Rafale a passé « une nuit en Enfer ».
KLS appartient à cette jeunesse qui tente de renverser l’ordre des choses « armé d’un stylo à bille » (Akhenaton – « Même les Anges »). Le jeune se démène dans le Rap “indé” (à savoir avant de signer en Major) entre débrouille et investissements forcés. Comme dans Game Of Thrones, les rappeurs ont tous une fratrie, un département, qu’ils représentent ardemment. « Nos parents ont construit des bâtiments afin qu’on y meure dedans » (Demi PortionDico 5) alors pour certains ce quartier, source de toutes les discriminations est aussi le ferment de la fierté de ceux qui ne doivent rien à personne et surtout pas à l’État. C’est ce que certains l’ont appelé le « patriotisme de cage d’escalier » (Claude Bartolone). KLS représente le 91. Il habite entre Vigneux Sur Seine et Montgeron Crosne.


Ce mercredi 11 Mars 2020, quelques jours avant que le Président Macron ne prive la France de sortie, il a subi un contrôle de police plus que musclé. Au-delà des faits, c’est l’histoire d’un rappeur qui tombe nez à nez avec ce qu’il dénonce au quotidien dans une dramatique rencontre des mondes lorsque la fiction rejoint la réalité. KLS n’a jamais été un rappeur conscient, mais les dérives étatiques l’ont rattrapé.


A 22 h 50, ce mercredi 11 Mars, on dépose KLS dans son quartier. Vers 23 h 15, une brigade de police effectue un contrôle de routine : « Les policiers descendent pour effectuer un contrôle de routine sur un jeune sur le trottoir du côté rue des Ancolies au niveau du carrefour Edelweiss. ». Huit jeunes un peu impuissants regardent la scène devant la légitimité de la puissance publique. Il y a comme des « Odeurs de Souffre » (NTM – « Odeur de Souffre »), le rappeur tente de s’échapper calmement. Mais l’un de ses amis déclare : “non tranquille on est dans notre cité on ne fait rien de mal on a le droit de rester on n’est même pas à côté d’eux“.
C’est ici que les versions divergent. Selon les agents de la BAC, les 8 jeunes qui assistaient au contrôle de police ont résisté au contrôle et KLS aurait traité l’agent en question de « Fils de Pute ». C’est ce qui ressort du procès-verbal qui a été dressé suite au contrôle. Mais pour ces jeunes et KLS la version des faits est réellement différente. Et les images reçues en vidéo ne corroborent pas en tout cas la version des agents de la BAC à 100 %.


Selon KLS à 23 h 25 : « J’ai commencé à m’éloigner, un pote m’a suivi, celui qui filme la vidéo. Le reste du groupe est resté sur le trottoir d’en face à observer le contrôle. Pendant que nous commencions à marcher les bakeu (Agent de la Bac) du Skoda ont passé un appel au talkie pour demander du renfort.
Alors Dramane leur a demandé :Pourquoi du renfort ?Et là d’un coup comme piqué dans son estime, j’ignore pour quelle raison d’ailleurs un des policier (Clément G.) s’est avancé subitement devant lui et lui a assené un coup directement avec le flash ball sur le torse. Dramane s’est mis à suffoquer, le coup l’a fait reculer de 2/3 pas en arrière, il avait clairement le souffle coupé, il n’arrivait pas à respirer. ».


La situation s’envenime encore un peu plus car à 23 h 27 selon KLS : « Voyant la scène en retrait à environ 15/20m, j’ai crié “Pourquoi il t’a fait ça ?!” Et là BAAAW instantanément le coup part, il me tire dessus au flash ball dans le pied. Alors je me suis retourné pour partir en boitant en direction du Grand parc à l’Oly. Mon ami qui filmé a pris la fuite. Les policiers m’ont interpellé sur le champ. C’est une autre voiture (une de celle venu en renfort) qui m’a embarqué. »

KLS : Une Nuit en Enfer !


La soirée de KLS ne fait que commencer car il va être traîné de commissariat en commissariat pendant que sa jambe a subi un grave traumatisme. Dans un premier temps, KLS est emmené au poste de Draveil avant l’arrivée de l’agent qui lui a tiré dessus au flash Ball : « Arrivé au commissariat de Draveil déjà la douleur était insoutenable. J’ai discuté avec le chef de poste 5min et l’équipe de Clément G. est arrivée au commissariat. Ils m’ont palpé et effectué une verif. À la fin de la verif j’étais envahi par la haine quand on m’a dit que “la simple vérif’ ” se transformait en mise en garde à vue.”


On lui annonce ensuite que c’est au commissariat de Montgeron de gérer l’affaire. Il entre dans une rage folle. A ce moment précis, la Rafale avoue s’être un peu emporté. En revanche il nie avoir réagi avec véhémence au moment du contrôle de Police.
Les agents de la BAC veulent emmener le jeune au commissariat de Montgeron. Malgré ses vives protestations, c’est son « présumé agresseur » qui l’emmène lui-même au poste de Montgeron avec un traumatisme à la jambe :
« J’étais dans le commissariat depuis environ 20 min devant les cellules de garde à vue et on m’annonce finalement que c’est commissariat de Montgeron de gérer cette affaire. C’est même la brigade de l’agent qui devait m’emmener à Montgeron. Une fois au commissariat de Montgeron je leur disais que j’avais trop mal au pied et que je voulais voir un médecin. On m’a fait patienté puis on m’a placé en garde à vue tel quel. J’ai attendu environ 2h avant qu’on vienne me chercher en cellule pour qu’on aille au commissariat de Brunoy pour voir le médecin. Tout ça pour que le médecin dise qu’il ne peut rien faire mais qu’il faut en revanche faire une radio à l’hôpital de Villeneuve-Saint-Georges. »


Vers 3 h 30 du matin à Villeneuve Saint Georges on lui annonce après une radio qu’il souffre d’une contusion et un traumatisme au pied gauche . Il est désormais au repos : « Le médecin de l’hôpital m’a bandé le pied et m’a dit que sa serait douloureux les semaines à venir. »
Il est reconduit au commissariat de Montgeron ou il passe la nuit. Il est libéré vers 13 h le lendemain. KLS sera jugé dans quelques mois pour « Outrage ».


En discutant avec le groupe Gen Zu Clan figure du rap « underground » autour de Montfermeil (le théâtre du film de Ladj ly), les rappeurs accoutumés aux contrôles de Police ont une toute autre opinion là-dessus. Selon l’un des membres du groupe, lorsque les choses dégénèrent avec un agent de la BAC, et qu’il réalise qu’il a fait un « excès de zèle » ou « une bavure », il se protège automatiquement derrière une accusation de « outrage » ou de « parjure ». Ça lui permet de se protéger.


Nous avons contacté le commissariat de Montgeron, par deux fois, qui a refusé en toute logique de s’exprimer sur une affaire en cours d’instruction. Le Sicop chargé des communications de la police nationale a aussi été contacté par Mail et par téléphone. Là encore, nous n’avons reçu encore aucune communication officielle sur le sujet.


Quant à KLS il a dévoilé un clip sur ce thème qui est sorti sur la chaîne de freestyle Daymolition. Et il assure que depuis le début de nos investigations, il a été contrôlé beaucoup plus souvent.

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